Merci Grand-Père-Hiver

Les notes suivantes sont extraites d'un journal de bord qui a visiblement bien souffert de la pluie.

Citation :

 Huitième jour du dixième mois de l'an 38, Hurlevent.

J'ai ma bourse d'or, le plein du gyro est fait, la soute est pleine de vivres et d'habits, je suis prête pour remettre de l'ordre dans ma vie.
Tous mes contacts ont donné le feu vert, sauf imprévu tout devrait se passer très bien.
Première étape: Baie du butin, où m'attend Tonak pour lui acheter la pierre dont il m'a parlé.
Je devrais arriver avant la tombée de la nuit

Citation :

 Neuvième jour du dixième mois de l'an 38, Baie du Butin
Le voyage s'est presque bien passé. J'ai du faire une pause d'une heure avant de survoler la jungle, le moteur droit semblait surchauffer anormalement. Il y avait une petit fuite d'huile, j'ai ressoudé le conduit et recomplété l'huile manquante.
D'ailleurs il faudra que je pense à installer la détente du canon au niveau des palonniers. Ça m'obligera à aligner l'appareil sur la cible avant de tirer, et d'arrêter le tir en cas de correction... C'est toujours quelques obus de plus d'économisés.

J'ai passé la nuit dans la taverne habituelle où j'ai recroisé Lucius. Je ne pense pas qu'il m'aie reconnue, ou qu'il se doute qu'il n'a pas juste "perdu" sa bourse. A part le troll aux idées bizarres et à la lance bien trop courte, pour une fois je n'ai pas eu de problèmes dans la soirée.

Le lendemain matin je rencontre Tonak à nouveau qui me livre la pierre voulue et le lingot d'argent avec une petite remise, geste commercial très bien venu. Je privilégierai uniquement ce gobelin maintenant, il a vraiment le sens des affaires. Je ne perds pas de temps, je rachète du carburant et je file plein Nord.

Citation :

 Douzième jour du dixième mois de l'an 38, Forgefer
Après un ravitaillement à Hurlevent, j'ai atteint la capitale naine. Je vais faire une pause d'un ou deux jours, le temps que ma commande soit faite. Je vais en profiter pour aller voir mon vieil ami Bengus. J'espère que ce vieux machin a encore la force de lever une pinte...
[...]

Citation :

L'elfe coupa le contact de sa machine volante. Dans un gros crachotement, les moteurs se turent petit à petit, alors que les hélices ralentirent. Elle attrapa son sac, glissa hors de son engin, et partit en direction du quartier marchand
Après quelques dizaines de minutes de marche, et un garde dérangé pour être sûre d'avoir la bonne direction, elle vit l'enseigne du joaillier apparaître sur une des boutiques creusées dans les flanc de la montagne. Elle grimpa les quelques marches, actionna la sonnette, et entra. L'elfe fut accueillie par une jeune naine, assise en face d'une pile de parchemins. La secrétaire leva les yeux vers Kriss, visiblement très fatiguée.
"-Bonjour, je peux vous aider ?" Lança-t-elle.
"-Bonjour ! Je suis Kriss. J'avais envoyé une lettre à Durhack la lune dernière pour faire tailler une gemme assez particulière."

La naine fureta dans sa pile de parchemins, et la rôdeuse fut surprise de la rapidité à laquelle elle trouva la lettre en question. Elle la parcouru à la lumière de la lampe à huile qui pendit calmement au plafond.

"-M'oui, m'oui... je suppose que vous avez la gemme, je vous laisse descendre l'escalier, premier atelier à droite, il est disponible.
-Merci beaucoup !"

La petite elfe descendit la volée de marche, puis passa la tête pas l'encadrement de porte, repérant instantanément le joailler.
L'atelier était grand, très bien éclairé, et très bien rangé. Tous les différents outils avaient leur propre établi, et sur une étagère reposaient des dizaines de gemmes multicolores sur des petits coussins de soie. On entendait du couloir travailler les autres joailliers, dans un silence de cathédrale. Seuls les petits coups de marteau ou les meules venaient résonner dans les couloirs de pierre.

"Bonjour ?"

Le nain se retourna, et un sourire franc et bourru anima son épaisse moustache.

"Ah ! Vous devez être damoiselle Kriss ! Venez donc ma petite !"

Elle s'approcha du nain pour lui serrer son énorme paluche, et constata que le nain devait être un géant parmi les siens, car il faisait pratiquement la taille de Kriss. En revanche il faisait bien trois fois la largeur de l'elfe.

"-Je vous ai apporté la gemme." Dit-elle en sortant les matières premières. "Et j'ai aussi le lingot d'argent !"

Le joailler saisit le tout, puis leva la gemme à la lumière, monocle sur l’œil, pour inspecter la pierre.
"-Hm. Vous êtes consciente qu'elle n'aura pas tout à fait la bonne teinte ?
-Oui, mais ce n'est pas grave, j'ai déjà mit du temps à en trouver une qui convienne, je ne vais pas faire la difficile sur la couleur.
-Parfait. J'ai juste une mesure à prendre et je vous donne rendez vous dans deux jours pour les récupérer !"

L'elfe acquiesça, se pencha légèrement pour que le nain mesure son oreille droite de part en part, puis le salua avant de se diriger vers la sortie. Elle dit au revoir à la secrétaire, puis pris la route du quartier militaire.


Après à nouveau quelques dizaines de minutes de marche, elle arriva près de l'immense cave. Sur un banc, près d'une énorme fontaine de marbre, attendait une silhouette courtaude mais massive. Entre des doigts épais et bardés de métal, une pipe délicate émettait de calmes volutes de fumée.
Deux épaulières massives et richement décorées encadrait une tête ridée, à la longue barbe blanche tressée et décoré d'anneaux d'or, et un front dégarnit brillait à la lumière des torche. Une queue de cheval de près d'un mètre reposait sur une cape de cuir rembourrée de fourrure.
L’œil unique du nain se braqua sur Kriss alors qu'un éclat de malice se mit à y briller.

"-Hééé ! V'là l'rossignol !" Lança-t-il gaiement, avec une voix rocailleuse.
"-Salut l'ancien ! Toujours pas à la retraite ? Si j'avais su je t'aurais acheté une canne de marche en venant ! Faut croire que le picrate et le froid ça conserve !" Rétorqua-t-elle.
"-Tudieu ! Quand je vois ta trogne de gueuse, j'me dis que c'est toi qui en aurais besoin, ribaude ! Chaque fois qu'on va pour tailler un bout de gras t'as une marque de plus su'l'visage ! Tu d'viens vieille ? Tu rates des marches ?"

Les deux éclatèrent de rire puis engagèrent une franche accolade.

"Allez, viens donc te r'chaudir au comptoir du coin. La première est pour moi !"

Les deux prirent la direction de la plus roche taverne, ripaillèrent, burent, rirent, se souvenant de leurs aventures passées.


Le lendemain, après s'être levée bien après l'aurore, Kriss pris le chemin du perchoir à griffons, à côté duquel attendait patiemment son gyrocoptère. Elle passa la journée à vérifier chaque niveau de liquide, chaque durite et chaque radiateur des moteurs, puis entreprit de déplacer le mécanisme de tir de son canon. Elle déchargea la centaine d'obus de la bande, vérifia chacun d'entre eux sous l’œil sceptique du maître de vol, puis regagna sa couche en fin de journée.
Après une bonne nuit de sommeil, elle ne perdit pas de temps pour se rendre chez le joailler et récupérer sa commande. Elle repartit avec son œil-de-chat aigue marine parfaitement lisse et sphérique, et une fausse oreille d'argent mat creuse qu'elle s'empressa de placer sur son moignon d'oreille, remerciant chaudement l'artisan.
Après avoir payé, elle se précipita dehors pour voir le résultat avec satisfaction, puis regagna son engin volant.

Citation :

Quatorzième jour du dixième mois de l'an 38, Forgefer
Prochaine étape: Âtreval. Vu le contexte actuel, survoler Arathi n'est pas franchement une bonne idée, je vais devoir contourner par la côte ouest, et ça me forcera à faire une halte à Ravenholdt. Ca me permettra au moins de revoir quelques anciens collègues. La machine est toujours parfaitement opérationnelle, espérons que je ne m'écrase pas à nouveau à Hillsbrad...

Citation :

Quinzième jour du dixième mois de l'an 38, Ravenholdt
L’accueil a été mitigé. J'ai bien cru que j'allais me faire tirer dessus à vue. Heureusement que Corbeau était là.
J'ai revu aussi la Souris, Blanchelame, Scar et Roger. Roger est toujours aussi con et refuse de se trouver un surnom sympa. C'est traditionnel quoi...
Y'a pas mal de nouveaux en entraînement aussi, et les potes ont mit la main sur un nouveau compendium. Du coup, j'vais rester une petite semaine ici pour voir les nouvelles découvertes
[...]

Citation :

La nuit tombait sur le manoir de Ravenholdt. Kriss partageait un bouillon de légumes et de boeuf avec ses anciens collègues fraîchement retrouvés. A sa droite se tenait un nain assez fin par rapport à ses congénères, chauve et avec les oreilles franchement décollées, à sa gauche une elfe de la nuit aux cheveux blancs et tatouages noirs. De l'autre côté de la table, un homme aux cheveux roux noués en queue de cheval, et à côté de lui, une femme ayant largement dépassée la quarantaine, dont les cheveux courts prenait une couleur poivre et sel, et dont une paupière était constamment fermée.

Ils étaient assis sur une des tables de la cantine, entourés d'une myriade d'autre gens, tous hétéroclites.

"-Faut vraiment que tu t'achètes un masque ou un casque, Kriss, chaque fois qu'on te voit, t'as une cicatrice de plus sur la tronche." Lança le nain.
"-Désolée Souris, les ennemis doivent aimer mon visage angélique je dirais.
-Crois-moi, les hommes ne regardent pas ton visage en premier, ma grande !
-Hem, Bref. Parlez moi de ce fameux compendium.
-Ça a été récupéré dans un ancien camp du Marteau du Crépuscule. Y'a plein de théories sur l'Ombre, et on a déjà réussi à en appliquer certaines avec succès. On te montrera tout ça demain, tu devrais t'amuser."

L'elfe acquiesça avec un sourire franc, puis ils finirent tous de manger avant de gagner le dortoir.

Après une nuit de repos bienvenue, Kriss rejoint ses camarades dans une des salles d'entraînement au sous sol, éclairées par des lanternes arcaniques, aux sols recouverts de tapis, aux tables basses richement décorées, dont certaines supportaient des narguilés fumant tranquillement.

La femme aux cheveux poivre et sel lança.
"-Alors, la première théorie est simple, elle permet d'économiser son énergie à chaque pas de l'ombre, en limitant ton exposition à l'ombre. Limite ton camouflage à une évasion plutôt qu'une disparition, et tu pourras pratiquement en enchaîner deux fois plus pendant une danse des lames.
-Pas con, on garde l'avantage de dénier à l'ennemi la riposte de toutes façons, et il ne saura pas où on attaquera dans tous les cas... je note !
-La deuxième concerne les matériaux pour les armes blanches. Un certain alliage de saronite, d'acier et de vrai-argent permettrait d'infuser une lame beaucoup plus facilement, et ainsi ignorer pratiquement les armures physiques de ton ennemi.
-Quoi ? De la saronite ?! Vous êtes dingues ! Déjà pour s'en procurer, ça risque d'être quand même difficile, de là à trouver l'artisan pour la travailler... et ça ne risque pas de rendre fou ?!
-Non, non, le vrai-argent est traité avant d'être incorporé, et il supprime cet effet là de la saronite, qui peut ensuite exprimer pleinement son affinité avec l'ombre. Et les quantités sont assez faibles pour qu'on estime les risques à très faibles.
-Hm... pourquoi pas. Je prends quand même.
-Bref, on s'entraîne ?"

Le duo passa trois jours complets à s'entraîner, puis deux de plus à perfectionner d'autres techniques variées. C'est à l'aube du sixième qu'elle dit au revoir à chacun de ses camarades et reprit la route vers Âtreval.

[A suivre...]