Daniel Varenne Admin
Messages : 317 Date d'inscription : 18/04/2018
| Sujet: Aperçu de Vérité Mer 3 Mar - 15:13 | |
| - Citation :
- RAPPORT NON LISIBLE.
Rapport du : Après le combat contre Haeresius Mission : Aperçu de vérité Lieu : Monastère d'Auroréa Présents : Halfjar Skaldhammer, Daniel Varenne
Ordre de mission : Pénétrer à l'intérieur des dortoirs Statut de la mission : Réussie
Rapport de mission : Suite à notre victoire contre Haeresius, et l'échec dans notre tentative de le sauver, nous avons pu apercevoir une dernière fois le spectre de Harold, le chef de Brise l'Aube. Après nous avoir remercié d'avoir libéré la noble créature de la corruption qui le rongeait en lui permettant enfin de rejoindre les siens dans les bras du Rêve, il nous a émis une étrange requête. Nous devions nous rendre à l'intérieur des dortoirs, une zone du monastère que nous n'avions alors jamais foulé - une demande particulière, puisqu'elle devait également se faire dans l'ignorance des chevaliers, pourtant nos alliés.
La décision fut difficile, mais Halfjar et moi avons accepté de nous déplacer sans la méconnaissance de nos alliés. Pas de gaieté de coeur, mais Harold était insistant, et c'était grâce à ses informations et son aide que Haeresius avait été trouvé : à défaut de lui faire pleinement confiance, nous lui devions au moins ça. Il s'agissait d'après lui également de notre dernière rencontre avant que lui et les siens ne soient condamnés à l'errance dans l'Après - et nous ne l'avons effectivement jamais revu. J'espère qu'ils auront trouvé le repos, où qu'ils soient.
La progression jusqu'aux dortoirs fut effrayante de simplicité. Il n'y avait pas le moindre spectre, la moindre entrave : nous progressions pour la première dans ces halls sans être observés ou menacés. Pour la première fois, nous nous sentions véritablement seuls, dans un lieu laissé à l'abandon. Boudé par l'humanité et la lumière des êtres qui sont chers. Peut-être était-ce ça le plus inquiétant. Nous devions avancer dans une complète ignorance de ce qui nous attendait, dans une solitude si exacerbée qu'elle en était pesante.
Une fois arrivés aux dortoirs, nous avons été reçu par l'obscurité d'une pièce à peine éclairée avec, au loin, la silhouette décharnée d'un homme devenu carcasse, au cœur percé par sa propre épée. Maigre, famélique, il ne faisait que fixer l'âtre de ses orbites dénuées de lueurs. Et s'il a finit par prendre la parole pour s'adresser à nous, c'était à notre surprise ; il aurait été aisé de le croire mort. Amon avait évoqué le destin de ces nombreux chevaliers qui, ensemble, se sont percé le cœur à la perte de leur protégée - ce devait être l'un d'eux.
Il nous a demandé d'actionner une torche sur le côté, sans préciser la nature de ce qu'il en suivrait. Sans raisons de nous méfier de lui, après avoir été envoyés ici par Harold, et bien conscients que ce serait une tâche compliquée pour lui qui peine même à lever un doigt, nous l'avons activée. Sur notre droite, alors, s'ouvrit un passage secret. Il était évident que c'était là que se trouverait la suite de cette quête de vérité et de réponses qui nous a été permise par le spectre.
Le caveau que nous avons découvert n'était autre que celui de l'Enfant Sacré elle même. L'immense salle était une chambre et une prison, où malgré l'immensité des sources d'occupations et de loisirs, nous ne pouvions que compatir au triste destin de cette enfant qui ne pouvait quitter cette pièce. Livres, dessins, services à thé - dont deux servis récemment -... C'était une cage dorée, une prison infortunée. En guise de centre, de culmination au tragique de cet endroit, nous avons aussi pu voir et découvrir l'amorce de la plus profonde des tragédies du monastère - le tombeau d'Auroréa, cet enfant qui n'a pu être protégée. Si nous sommes des étrangers dans ces couloirs, nous étions alors en face de ce qu'il y avait de plus sacré de nos hôtes. Nous avons su que cette intrusion serait inévitablement vue comme une trahison. Mais notre arrivée ici était désirée, prévue. Après avoir offert nos hommages au tombeau de la jeune fille, nous nous sommes détournés pour revoir le chevalier déchu.
Cet homme carcasse nous avait guidé jusqu'au mécanisme de cette porte secrète pour une raison simple, qu'il nous confia sans vraiment tarder. Il souhaitait que Marchebruine, qu'Halfjar et moi-même, soient témoins du supplice long et sans fin dans l'isolation que subissait Auroréa, qui n'a pourtant jamais commis le moindre crime. À mesure qu'il prenait la parole, son identité devenait de plus en plus claire : il s'agissait de Gaël, le Primogéniteur, le père de l'Enfant Sacré. Celui qui a tout sacrifié pour son enfant, sans parvenir à la sauver.
Mais ce n'était pas la plus frappante des vérités qu'il nous a donné. Lui, Gaël, ne pourrait jamais mourir, même le cœur percé par sa lame - il ne pouvait qu'attendre, sans espoir sauf un - celui de son plus vieil ami, Azraël. Celui qui annonce la fin n'avait, depuis le début, eu pour intérêt que la rédemption de l'Enfant Sacré et de Gaël, allant jusqu'à damner son âme en l'offrant au Loa de la Mort afin de pouvoir acquérir assez de puissance pour briser leur immortalité. Car à l'image de Gaël, Auroréa aussi ne pouvait mourir - condamnée à rester dans un état de semi-mort délétère.
Le Primogéniteur n'avait qu'un désir. Qu'une dernière volonté : que nous apportions notre aide à Azraël pour lui permettre de libérer sa si aimée fille. Que nous oublions, ne serait-ce que pour ce seul instant, les actions de Lucius permises par Azraël pour qu'il puisse accumuler le sang corrompu. Que nous oublions les drames qui ont été causés par leurs décisions. Qu'une dernière fois, l'on combatte pour sauvegarder l'Enfant Sacré, et lui permettre d'enfin se reposer. Nous n'aurions alors qu'à aller jusqu'à la cour intérieure, et attendre qu'enfin le glas crépusculaire sonne.
Il aurait été si facile de se laisser aller à la rancune. Je me souviens encore des visages de Kurthz et Anne-Lise, tout les deux décédés de la corruption sanguine. De la souffrance de Nell, alors qu'elle avait été infectée par l'un des Collecteurs. Mais... Jusqu'où un père ne serait il pas prêt à aller pour protéger sa fille ? Ne serait-il pas prêt à détruire le monde pour pouvoir s'assurer que sa cher, que ce qu'il y a de plus précieux à ses yeux, puisse être heureuse, libérée ? En paix ?
Nous avons fait le serment de l'aider. De mener cette quête jusqu'à sa finalité. Et nous l'avons quitté sur cette promesse, et sur l'arrivée d'Azraël. Sa présence toujours aussi dangereuse, étouffante. Inoubliable. Jusqu'à la dernière seconde, nous avons cru qu'il nous tuerait - pour simplement passer à côté de nous, et s'en aller vers le caveau de l'Enfant Sacré. Par ce simple fait, nous avons su que Gaël ne nous avait offert que la vérité.
Notre retour jusqu'à la cour s'est fait sur un silence rarement brisé par quelques commentaires sur ce que nous avions vu. Sur comment nous pourrions présenter ces faits à nos alliés chevaliers, après que Gaël nous aie demandé de ne pas leur révéler jusqu'à quel point lui et Auroréa ont été déchus. Nous avions face à nous la requête d'un homme mourant et défait : une requête difficile à ignorer.
Mais alors que nous avions prévu de promettre la vérité après la conclusion de ces évènements, nous avons été reçus dans la cour par l'ensemble des chevaliers, y compris notre ami Eden. Tous étaient méfiants, incertains, dans l'incompréhension, et comment leur en vouloir. Le caveau de ce qu'il y avait de plus précieux à leurs yeux avait été ouvert, par des individus qu'ils avaient reçu en qui ils avaient commencé à avoir confiance (pour certains). Ils avaient appris à nous connaître, nous comme l'inverse se vérifiait. À bien des égards, c'était une trahison.
Adam était le plus avancé. Dès que nous avions passé l'obscurité pour rejoindre la cour, sa lance s'est levée, la pointe vers moi - il n'attendait qu'une opportunité pour frapper. Son regard était noir de colère mais aussi d'une infinie tristesse, d'une émotion presque indescriptible. Face à notre impossibilité de donner toutes les réponses, et malgré notre appel à la confiance, la tension montait graduellement. Tout, sorti de notre bouche, sonnait comme des excuses, même en rajoutant les interventions d'Eden pour soutenir nos propos. Une opposition entre d'un côté Abel et Adam, et de l'autre Isaac, Eden, David et à terme, Kayn, et ce malgré la neutralité de Tristan.
Jusqu'à ce que la tension se brise. N'en pouvant plus de suivre les ordres de Kayn, qui protégeaient une fois de plus Marchebruine malgré leur trahison apparente, Adam a tenté de me percer avec sa lance, bien que je puisse l'esquiver. L'instant suivant, alors qu'il refusait d'écouter toute parole et qu'il tentait de frapper à nouveau, Isaac s'est interposé pour dévier sa lance, pendant qu'Amon progressait pour aller maintenir Adam.
Il fallait dire la vérité. Les derniers voeux de Gaël étaient que les siens puissent enfin être en paix, enfin être libres - les chevaliers y compris. Qu'ils s'entretuent aurait été une insulte à notre promesse. Alors, pour préserver celle-ci, nous en avons brisé une autre, en avouant que nous avions été dirigés dans cette ouverture par le Primogéniteur lui-même. Certains ne purent y croire, en tout cas au début. La majorité étaient confus une fois de plus, eux qui le croyaient mort depuis si longtemps. Il eut un instant de flottement. Une éternité de silence, qui fut bientôt rompue par Adam tombant à genoux, en larmes. C'était une vision déchirante, car le pire était que... Nous pouvions le comprendre. Nous aurions probablement réagi ainsi si quelqu'un avait violé le tombeau de Seth.
Les chevaliers décidèrent d'attendre. De laisser la cloche crépusculaire sonner, pour voir la vérité derrière nos paroles. Et c'est ainsi que le dernier combat qui secouerait le Monastère d'Auroréa fut mis en place. Un soupçon de vérité, pour la santé de la vraie fin. | |
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