On a vaincu la crasse

En ce début de soirée du huitième jour, je retrouvais Moren semblant très inquiet au sujet de la livraison d'une cuve destinée à la rénovation de la Salle d'Eau. Voilà un moment que les travaux sont en cours, et si nous ne remettions pas rapidement cette pièce en état, nous risquions la révolte. Il faut dire que se laver dans la rivière en plein hiver n'a rien d'agréable. Eden et Judith se sont joint a la conversation et alors que nous réalisions l'impensable, à savoir passer un jour de plus à se les geler dans l'eau glacée, la cloche salvatrice du Refuge des Embruns retentis.

La cuve était arrivée. Son porteur, seul, semblait bien en peine d'avoir trainé l'énorme objet jusqu'à nos portes. Ses camarades l'ayant abandonné en plein travail après avoir entendu quelques loups hurler aux Lunes, ce qui n'a pas manqué de nous étonner, en altitude le gibier est plus rare. Enfin, nous l'avons remplacé pour amener la cuve jusqu’à la Salle d'Eau, il faut dire qu'à nous quatre ce fut plus simple que pour lui tout seul et c'est dans cette pièce que commença notre vrai combat.

La crasse était sans pitié, s'infiltrant partout et nous devions redoubler d'effort pour la vaincre. Judith, implacable nettoyeuse usait de son balai comme de son espadon, ma magie impuissante fut remplacée par un chiffon et Eden d'Auroréa combattait comme il l'a toujours fait : vaillant et puissant, avec ses produits ménagers. Il nous fallut plusieurs heures pour que la pièce soit propre. Alors que nous savourions notre glorieuse victoire la cloche retentis une seconde fois, cette fois son tintement était plus inquiétant, marqué par l'urgence et la crainte.

Crainte justifiée, car de l'autre côté de la herse nous constations les Luveris, en arme et l'air peu amène enfin, moins que d'habitude si c'est possible. La troupe d'une quarantaine de soldat, parmi lesquelles la Garde de la Louve et la Duchesse elle-même se tenait là, demandant des comptes car dans leur arrivée ils ont entendu les rumeurs d'une troupe de nain regagnant leur terres dans une campagne militaire. La trahison d'Halfjar Skaldhammer et des siens était parvenue à leurs oreilles et, se sentant dupés et floués, les Luveris demandait des explications. Quelques mots d'Eden d'Auroréa suffirent à les apaiser et nous les autorisions à camper près de nos portes avant de reprendre la route vers les Quais Innommables, il faudra reprendre contact avec eux pour refonder les bases de notre alliance et de notre coopération.

Mélusine Greenwood