Marchebruine
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 Une augure de la Fin des Temps

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Eden d'Auroréa

Eden d'Auroréa


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MessageSujet: Une augure de la Fin des Temps   Une augure de la Fin des Temps EmptyMer 14 Sep - 0:24

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Le chant rauque d’un cor fit écho par-delà la cime des arbres. Le vacarme des pluies diluviennes s’abattant sur les branches et effritant les feuilles mortes de l’automne ne sut l’empêcher de se répandre au-delà des plaies boueuses et gorgées d’eau ; l’on sonnait la retraite.

Un à un, les envahisseurs cosmopolites se retirèrent dans l’ombre du défilé brumeux. Les troncs et les ombres projetées par la canopée leur offraient une couverture providentielle, si bien que l’on eut cru que quelques forces divines se fussent faites garantes de leur survie. En effet, la bataille fut perdue, mais la guerre fut bien loin d’être gagnée par ces assaillants ; aussi, lorsque le cor cessa, après un troisième appel caverneux, de rugir à travers la vallée, tous avaient disparu aussi vite qu’ils étaient apparus.

Au pied des vainqueurs sommeillaient à tout jamais les cadavres des vaincus. La boue, le déluge et le sang s’entremêlaient jusqu’à former un ruissellement de souffrances guerrières noyant les corps aux armures en tout point similaire à celles des fuyards, et imbibant les bottes dorées, les armures exaltées et les plumes sacrées des ardents défenseurs. Eux aussi, à l’appel du cor, et devant la retraite des malandrins, reprenaient la route pour rejoindre l’imposant édifice de pierre froide derrière eux.

L’un de ces hommes d’or, cependant, s’éternisaient au pied de la butte menant à ladite bâtisse de pierre glacée. Quand bien même cette pluie grondait toujours, il rabattit sa capuche sur ses épaules, puis ôta son casque. Il ne fallut qu’un instant pour qu’à la sueur qui trempait ses cheveux bruns ne s’ajoute le déluge. L’eau chassait la graisse et le sang qui vinrent s’écouler sur son visage et ceindre ses yeux empreints de diamants. Et ainsi qu’elle chassait ses impuretés, elle chassait la fureur de la bataille qui disparut de son visage, l’inquiétude venant s’y substituer et durcir ses traits encore bien conservés.

De fugaces pattes d’oie s’installèrent au coin de ses orbites, ses muscles sourciliers se plissaient avec tant de puissance qu’ils creusaient dans son front des rides semblables à la vallée circonvenues de montagnes où la bataille eut lieu, sa mâchoire se crispait alors qu’il inspectait avec une prévenance de croque-mort, et une expectative déchirante, les cadavres avalées par la terre.

L’on ne saurait dire combien de temps s’était écoulé ; combien de temps ce combattant esseulé demeura parmi les corps et les écoulements de sang qui s’en allaient rejoindre le Phlégéthon ; l’on sait que les entrechocs d’acier qui suivaient chaque pas de ses camarades avaient déjà laissé place au silence, et que le déluge laissa place à une pluie si fine que l’on put croire le firmament pleurer les tristes recherches du chevalier d’or – car, infructueuses qu’elles furent, il ne trouva guère le visage familier qu’il pensait dénicher.

Peu à peu, les nuages grisâtres se dissipaient, laissant filtrer à travers le manteau de coton dépenaillé des cieux quelques maigres rayons de soleil, et du fin fond de la brume automnale derrière laquelle se cachait le fameux édifice sacré, vint le bruit distinctif de chaussons pataugeant dans la boue ; quelques « plic ploc » baveux s’en allant crescendo précédaient une auguste apparition : une jeune femme aux yeux de rubis incandescents, aux paupières couvertes d’un maquillage charbonneux, soulignant ainsi ses iris sanguins qui en gardaient un aspect de braises vivaces, et à la chevelure d’argent où s’entremêlaient quelques mèches blanches qui lui donnaient cet étrange aspect d’autochtone lunaire. Elle était habillée d’une cape de plumes blanches recouvrant ses épaules menues et couvrant une robe mêlant le magenta et un violet si pâle qu’il ne semblait être qu’un reflet de la blancheur du tissu. Ses chaussures, ainsi que la traîne de sa robe au niveau de ses chevilles, s’en retrouvaient ainsi tâchés par la mêlasse de sang et de terre qu’était devenu le champ de bataille de la vallée, et si notre esseulé eut habituellement couru vers elle pour lui enjoindre de ne pas salir ses atours, et s’enquérir de son état, il n’en fit rien ; il était comme paralysé par l’échec de sa recherche, ou, plutôt, par la réponse que celle-ci délivrait.

« Gadreel, Gadreel ! Voyons, Gadreel ! L’appelait la jeune femme d’une voix si douce qu’elle eut donné cette étrange impression à ses auditeurs qu’ils furent bercés dans une couverture de soie, ressaisissez-vous donc, Gadreel ! Il n’est guère bon de tergiverser dehors, et bien moins près du sang et des corps, allons ! N’avez-vous donc pas froid ? N’en avez-vous donc pas assez de ce théâtre absurde de violence ? Voyons, venez Gadreel ! »

Gadreel braqua ses yeux décolorés sur l’arpenteuse, se précipita vers elle, et lui saisit les épaules de ses deux avec tant de force qu’elle aurait pu se briser sous sa poigne d’acier ; elle ne s’en offusqua point, et rendit au combattant armuré d’or un sourire d’une sincérité si grande, d’une pureté si divine, qu’il n’eut d’autre choix que d’alléger les crispations nerveuses de ses mains.

« Je ne vois Cheseb nulle part, répondit-il d’une voix secouée par l’angoisse de la disparition, elle ne rentrait pas avec les autres. »

L’arpenteuse aux boucles d’argent ouvrit si grand ses paupières que l’on crut qu’un grand feu s’échappa de ses pupilles – elle, qui connaissait les secrets de chacun de ses confrères gardiens, ne cessait jamais d’être surpris par l’étonnant mémoire eidétique du Chevalier ; d’un simple coup d’œil, il avait glané les silhouettes de chacun s’en retournant à leur antre froide, avait mémorisé leur corpulence, et en avait ainsi rapidement déduit que la dénommée Cheseb ne s’y trouvait guère, pas plus qu’elle ne reposait au creux de la terre.

« Voudriez-vous dire que notre douce Dame Cheseb serait tombée sous les épées de ces voleurs ?

- Non, elle n’est pas parmi les morts, rétorqua le Chevalier doré avec une noire amertume à laquelle la jeune femme n’était guère accoutumée, et nous savons tous deux qu’elle ne se laisserait pas vaincre par quelques ordures venues de l’Extérieur !

- Alors l’ont-ils emmenée. Ô douce Cheseb ! Dame ! Peste ! »

La Gardienne se mit à pester, et maudire les étoiles protectrices des brigands leur ayant offert la fuite, mais elle n’était guère plus qu’une présence rassurante pour ces hommes et femmes d’armes, et non pas une combattante. L’on ne pouvait attendre d’elle qu’elle se précipite par-delà les bois au-delà de la vallée boueuse pour ramener la pauvre Cheseb auprès des siens – et quand bien même l’eut-elle pu, Gadreel, qui n’était pas seulement vivace de mémoire, mais aussi d’esprit, sut que même munie de cette force, elle n’en aurait rien fait. Son amertume se changea peu à peu en colère, et celle-ci en rage. Il pressa davantage ses paumes d’acier autour des épaules de la Dame et, sans abandonner l’étiquette, lui répondit avec un grondement sourd accompagnant la moindre de ses paroles :
« Ma Dame, il en revient aux Chevaliers que de les prendre en chasse et de ramener notre sœur, ma bien-aimée Cheseb ! Poursuivons-les pour les crimes commis contre nous, et rendons jugement !

- Mon jeune ami, notre devoir n’est pas au monde, mais à ce lieu ; notre vœu n’est pas à la vindicte des criminels et à la bénédiction des justes, mais à la protection de notre édifice. Allons, Gadreel, ressaisissez-vous ! Vous, un homme de devoir et d’altruisme, d’étonnante perspicacité et de force spirituelle n’êtes pas sans savoir où se trouve la place de nos Chevaliers, et où s’arrêtent leur liberté !

- Vous êtes le Déclin de la Nuit ! Votre voix fait autorité en ces murs, non pas par crainte, mais par le respect de votre personne et de votre rang ! Parlez pour ma douce Cheseb, elle qui est un indispensable maillon de la chaîne protectrice que nous sommes, et usez de votre voix pour la sauver de son sort !

- Ah, cher Gadreel… soupira le Déclin de la Nuit en joignant ses mains sur son bas-ventre, s’offrant ainsi la posture de quelque digne femme s’approchant plus du divin que du mortel, d’Apostat, je porte le titre, mais il serait bien naïf de croire que cela m’offre le droit de marcher sur nos préceptes, sur les vœux de nos camarades – qui sont aussi les vôtres – et de faire affront à notre Ordre. D’Apostat je porte le titre, et c’est pour cette raison que je vous aime comme j’aime douce Cheseb ; comme j’aime nos camarades. Mais je vous le demande, cher Gadreel, n’est-ce pas là le sort auquel nous nous sommes tous pliés lorsque nous prîmes les armes ? De protéger ce qui nous était cher, et d’ainsi nous soumettre à la volonté de la Providence et de payer le prix du sang et de l’âme ? Cher Gadreel, rappelez-vous de douce Cheseb – n’a-t-elle pas, elle aussi, accepté ce sort lorsque vous vous trouvâtes tous deux dans ces marais ? Il n’est pas plus grand honneur que d’offrir notre vie pour notre cause car, souvenez-vous en, Gadreel, il n’est qu’une chose que les Hommes peuvent offrir ayant réellement de la valeur, et il s’agit bien de leur vie ; de leur âme. Mais courez seulement ! Rejoignez vos camarades, et faites-leur entendre votre souhait ! Loin de moi l’idée de vous arrêter, moi qui vous ai soutenus depuis les premiers jours et continuerai à le faire jusqu’au dernier, mais préparez vous au pire, mon jeune ami, car aussi lucide puissiez-vous être, vous semblez bien plus lent que vos camarades. »

Le combattant esseulé fut si foudroyé par la réponse de l’Apostat qu’il en relâcha ses épaules ; il était d’autant plus effrayant qu’elle énonça chaque mot sans trébucher sur sa langue, et sans que cette expression de douceur absolue ne s’échappe de ses traits. Elle qui dégageait pourtant une chaleur sans pareille auprès des âmes qu’elle avait touchée faisait état du sort de Cheseb comme s’il eut s’agit d’une tragédie distante se déroulant de l’autre côté du monde, et Gadreel, qui n’était pas sans courage, prit un pas de recul.
Néanmoins, les mots de la Gardienne se répercutaient contre les murs érigés par l’inquiétude de son esprit : le Déclin de la Nuit ne l’aiderait pas, mais qu’en était-il de ses camarades ? Eux qui avaient partagés repas, heures d’oisiveté, et champs de bataille avec lui, et avec Cheseb ; eux qui, envers et contre tout, étaient bien plus proches du couple qu’ils n’auraient pu l’être de l’Apostat ; eux qui, pour certains, l’avaient même connus alors qu’ils étaient enfants ! Tout espoir n’était pas perdu, et au même titre que ces rayons solaires perçant les nuages gris redevenant poussière dans les cieux, une lueur d’espoir resplendissait dans ses yeux blancs : Cheseb pouvait encore être sauvée. Et c’est avec l’assurance que ses camarades, ses amis, ses confrères et consœurs l’aideraient qu’il se précipita jusqu’à l’édifice austère.
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Eden d'Auroréa

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MessageSujet: Re: Une augure de la Fin des Temps   Une augure de la Fin des Temps EmptyMer 14 Sep - 0:28

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La bâtisse était en réalité un gigantesque Monastère construit à la manière d’un cercle et aux diverses pièces excentrées dissimulées par les remparts qui le circonvenaient. A l’instar de ses habitants, il dégageait cette solennité, cette solitude, qui semblaient étreindre les protecteurs dorés et décoraient la pierre froide et sans artifice qui en composait les murs et les portes. C’est ce que ce grand bâtiment était ; un vestige du passé ayant bravé les années, les assauts, et la mort elle-même, au nez et à la barbe d’un monde auprès du quel il n’eut jamais été le bienvenu, car les Dieux n’en voulaient guère, et ses habitants, effacés des mémoires et de la ligne du temps, s’abandonneraient ainsi au cœur de ce vallon et de ce havre d’austérité les protégeant, qui séparait les marais du nord de ceux du sud.

Rejoindre le Monastère ne prit qu’une poignée de minutes à Gadreel, mais celles-ci lui semblèrent pareilles à une dizaine d’années – chaque seconde de trop signait, aux confins de son esprit, l’arrêt de mort de sa bien-aimée, et lorsqu’il ne pensait pas au terrible sort qui lui était réservé s’il traînait à rallier ses camarades, le combattant esseulé rejouait dans sa tête le dialogue qu’il s’apprêtait à avoir avec eux. De quelle manière pouvait-il les presser de prendre la route immédiatement avec lui, alors que les combats ne s’étaient arrêtés qu’il y a quelques heures ? L’on les connaissait comme infatigables, mais nul n’était à l’abri de s’écrouler sous le poids des affrontements incessants ; que ferait-il s’ils refusaient ? Pouvaient-ils ; oseraient-ils seulement refuser ? Toutes ces hypothèses vinrent se fracasser sur les certitudes découlant de son échange avec le Déclin de la Nuit, mais il garda néanmoins l’idée capitale qu’eux n’étaient guère ces monstres que l’on appelle « Apostats », que ces autres gardiens étaient de nobles âmes qui brillaient pas leur altruisme – par leur sens de l’honneur.

Après cette marche d’éternité, Gadreel parvint enfin jusqu’aux escaliers menant à la grande porte du Monastère ; une force surnaturelle imprégnait ses jambes qui en gravirent les marches à une vitesse fulgurante, trois par trois, et, à leur sommet, le portèrent outre l’imposant chambranle qui renfermait l’obscurité d’une grande salle seulement chassée par le chandelier gargantuesque retenu au plafond par une chaîne faite de mithril. La salle était curieusement vide, par ailleurs, et l’on devinait, d’un point de vue extérieur, qu’elle jouait davantage le rôle d’une antichambre que d’une véritable pièce. Elle formait un rectangle, et d’un côté comme de l’autre, l’on y trouvait des rigoles qui acheminaient de l’eau au travers de quelques conduits souterrains aux quatre coins du Monastère. Ces mêmes rigoles étaient couvertes au moyen d’une grille en acier, et constituait la seule et unique variation de matières sur le parterre noir de roche taillée. La pièce manquait cruellement de fantaisies et de décorations, mais lorsque l’on rencontrait ses occupants, l’on devinait bien vite qu’ils avaient bien plus goût à l’efficacité et à la sérénité qu’à l’extravagance et l’excentricité.

Gadreel gueula au plus fort de sa voix : il en appelait à ses confrères ; il invoquait son Ordre. Ses appels ricochaient douloureusement à travers les couloirs est et ouest, mourant quelques pièces plus loin dans l’étreinte de l’obscurité. On l’entendit néanmoins, et vinrent bientôt non pas cinq de ces armures dorées, mais bien une vingtaine, peut-être même une trentaine. Elles venaient être témoins de cette voix désespérée qui quémandait leur aide.

« Mes confrères, je vous en conjure ! Commença ainsi Gadreel, qui, malgré l’assemblée déjà recueillie au sein de l’antichambre, continuait à hausser la voix pour attiser les cœurs et interpeler les derniers retranchés au fin fond du Monastère, Cheseb a disparu, enlevée par ceux-là même que nous venons de repousser ! Nous nous devons de les prendre en chasse et de délivrer ma bien-aimée, notre sœur d’armes, de ces ordures ! »

La nouvelle de la disparition de Cheseb fut suffisante pour ébranler plus d’un gardien ; déjà l’assemblée murmurait-elle son incrédulité, sa peine à croire que l’un d’entre eux avait été capturé par l’ennemi : l’on chuchotait ses inquiétudes à son voisin, mais nul ne prit action, outre, pour les plus pieux, de se murer dans la silencieuse prière que l’on accorde aux vaincus.

Gadreel fut d’autant plus secoué par cette inaction – les plus timides n’osaient pas même relever le nez et rencontrer son regard, et ses inquiétudes se concrétisèrent peu à peu à la manière d’une prophétie des auspices ; lui, en revanche, ne serait guère retenu dans cette tragédie comme l’inerte gardien, et rabroua ses confrères avec plus d’ardeur encore :

« Alors voilà la vérité : vous préférez vous terrer ici en attendant que nous soyons enlevés et tués les uns après les autres plutôt que de donner la traque et de secourir Cheseb ?! Est-ce votre rancune qui parle, votre dégoût ? A-t-elle fait quelque chose ? Ai-JE fait quelque chose, MOI ?! Alors punissez-moi, mais ne la punissez pas elle ! BOUGEZ-VOUS, BON SANG !

- Il ne nous appartient pas de la sauver ; notre rôle est à la défense de cet endroit, à la protection de l’Enfant Sacrée. »

La rage aux lèvres, le combattant esseulé chercha des yeux celui qui défia son souhait, et l’on ne put le faire se démarquer davantage, puisque ce dernier portait des frusques en tout point différentes du reste des Gardiens ; un long manteau blanc couvrait ses épaules et ses flancs jusqu’à ses mollets, eux-mêmes couverts par un pantalon bouffant s’enfonçant dans une paire de bottes de cuir magenta. Une tunique dans les mêmes tons lui couvrait le torse et les bras, et des gants gravés de symboles magiques au dos finissait de totalement cacher ses mains et ses doigts. Malgré la longueur de ses cheveux blancs comme la neige lui arrivant jusqu’au bas du dos dans une ribambelle de boucles chaotiques, il s’agissait là bien d’un homme ; une sorte de sage bien plus jeune d’apparence qu’il ne l’était réellement et aux yeux si durs qu’ils semblaient cracher toute la véhémence que sa bouche n’avait guère besoin d’exprimer. Il se faufilait au moyen de son bâton à travers l’assemblée et fit face à Gadreel, sur lequel il braquait comme deux canons ses yeux terribles :

« Le sort de Cheseb nous attriste tous, et elle sera honorée comme il se doit – nous érigerons dans cette salle même une statue qui immortalisera son existence et son sacrifice. Fit-il en frappant son bâton sur le sol, à la manière d’un Roi qui décréterait un précepte incontestable. Mais notre rôle est ici, et guère au sein du monde extérieur : nous offrons nos vies en sachant pertinemment ce que cela signifie, en sachant parfaitement que quiconque ici pourrait être le ou la prochaine à être enlevée à notre Monastère.

- ET ALORS ?! Vous parlez de devoir sacré, de notre rôle à jouer, mais notre rôle, si la défense en fait partie, était de GUÉRIR l’Enfant Sacrée ! Rugit Gadreel à l’encontre du sage du Monastère.

- Silence, Gadreel. Je te l’ai déjà dit, et je te le répète : nous ne pouvons pas l’aider. Nous ne pouvons plus l’aider. Accepte-le, va te reposer, et reprends tes esprits avant le prochain assaut, ou tu seras le prochain. »

Le monde du chevalier d’or s’effritait jusqu’à voler en éclats autour de lui ; il était né en ce monde aux côtés de grandes questions : qu’est-ce qu’était l’existence, et pour quelle raison en fut-il béni ? Qu’est-ce qu’être un humain dans un monde scarifié par les conflits, où les fleuves sont faits de sang et les sentiers d’os réduits en poussière ?

Il n’en trouva jamais les réponses, mais vivre et voyager aux côtés de sa bien-aimée, s’engager au sein d’une cause dans laquelle sa foi était inébranlable – il sut, au travers de sa sagesse innée, que la solution à l’énigme de la vie se trouvait au bout de la route. Une route qui, jusqu’alors, s’étendait par-delà l’horizon, et fut abruptement coupée par la tragédie qui le percutait de plein fouet.

Gadreel en avait assez vu, assez entendu : si ses confrères ne l’aideraient pas, si les Apostats ne répondraient pas à ses supplications, alors cette rage qui consumait son âme autrefois si brillante le guiderait à Cheseb et à la victoire – si le monde l’abandonnerait, il affronterait le monde pour la ramener à ses côtés. Ainsi, sans repos, l’amertume gonflant son cœur brisé, il fit volte-face et se précipita en dehors de l’édifice austère.
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Eden d'Auroréa

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MessageSujet: Re: Une augure de la Fin des Temps   Une augure de la Fin des Temps EmptyMer 14 Sep - 0:30

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A l’extérieur, le temps s’était pleinement dégagé : les nuages gris avaient totalement disparu pour laisser place à la beauté du ciel azur et des splendides rayons du soleil réchauffant une douce journée d’automne. Gadreel courait à travers la vallée et en redescendait les surplombs boueux, à l’ombre des escarpements dentus qui renvoyaient aux cieux la figure morbide d’une gueule infernale. Néanmoins, ces falaises démoniaques se soustrayaient peu à peu – le sol redevenait humide à s’en enfoncer les bottes jusqu’aux chevilles, et d’impressionnantes massettes rivalisant avec le combattant esseulé en taille bordaient des cours d’eau sale où s’épanouissaient des crocilisques en pleine digestion. Les saules pleureurs du Noir Marécage, las et frigorifiés, étaient bientôt les seuls compagnons du Gardien doré – de leurs branches souffreteuses suintaient des perles de sel contribuant à l’humidité écrasante du climat. Pourtant, malgré les araignées géantes qui tissaient une canopée de soie où s’y trouvaient piégés les myriades de moustiques fuyant le chevalier comme la peste ; malgré les serpents-ailés aux yeux de sang brillants dans l’obscurité ; malgré la menace des dragons verts et de leurs serviteurs aveugles prêts à le tuer à vue, Gadreel ne prit guère le moindre instant pour s’arrêter. Il fonçait, fonçait en défiant le temps de le rattraper, fonçait en piétinant les hautes herbes et les petits reptiles, ignorant le monde alentour et s’ignorant lui-même, si bien qu’il ne freina que lorsqu’une flèche ricocha contre son talon engoncé dans les plaques de ses solerets.

En effet, dans sa course effrénée à travers les marais sombres, le Gardien avait rejoint le camp de guerre des assaillants – ou en tout cas, c’en était suffisamment approché pour que les sentinelles le remarquent, et son armure resplendissante ne permettait aucun doute quant à ses allégeances et ses raisons. Bientôt, on l’encerclait. Six lascars empestant la cirrhose et la saleté pointaient leurs armes sur le chevalier doré, le raillaient sur sa solitude, sur sa stupidité, et le noyaient d’insultes autant qu’ils s’étaient noyés d’alcool.

L’un d’eux, par un élan d’assurance mal placée, le provoqua en évoquant Cheseb, et le sang de Gadreel ne fit qu’un tour. Une cacophonie s’en suivit dont on crut le fleuve des âmes comme étant la source : les cris d’agonie s’étouffaient dans les gorges englouties de sang, et se taisaient lorsqu’un sinistre craquement d’os fit écho et fuir les corbeaux. L’on ne vit bientôt plus qu’une pile de décharnés sous le soleret peint de sang et de tripes du Gardien doré, et lorsqu’il finit d’exploser sous sa plante la cage thoracique d’un hère aux portes de la mort, il marcha au sein du camp en abattant les palissades à la seule force de ses mains.

Les murs taillés dans les saules s’affaissèrent et l’écho d’une cloche, suspendue à une tour de guet, retentit à des lieues à la ronde – le camp était attaqué, et quelques unes de ces sentinelles au sommet de ces tours hurlaient qu’on prenne les armes. Quant aux reîtres, ceux-ci venaient se briser sous le courroux du chevalier et ce n’était bientôt plus l’eau salée des marais qui abreuvaient la terre et les plantes, mais des fontaines de sang impur faisant terreau aux graines de la souffrance. La Guerre avait pénétré leur bivouac, fardée des couleurs de la justice ; cette silhouette, cependant, n’était rien d’autre qu’un héraut de mort qui ne venait délivrer non pas un jugement, mais un châtiment.

A mesure que les morts s’empilaient, les malfrats devinrent dirigés par le désespoir. Ils jetèrent pierres, branches, projectiles, bouteilles d’alcool enflammées, pieux et lances contre Gadreel, s’accrochant aux miettes providentielles de leurs esprits dépourvus d’ingéniosité pour ralentir l’inexorable assaut. Et, au même moment, les cieux s’habillèrent d’un orange de fin des temps, et se scindèrent dans un vrombissement d’air aspiré par les arcanes ; une lumière aveuglante éblouissait les hommes au sol – de même que le Chevalier d’or – avant qu’un météore fulgurant, invoqué par un magicien lâche, mais pas moins habile, ne le percute de plein fouet et ne le terrasse dans une explosion soufflant les tentes et abattant les dernières tours. Le camp n’était plus qu’une ruine, mais les envahisseurs avaient survécu et mis à terre cet avatar de violence qui marchait aux côtés de la Mort.

La simulacre de roche spatial redevenait poussière, et tous investiguèrent les restes fumants dans son sillage, désireux d’exhiber le crâne de Gadreel comme une preuve macabre de leur puissance. A leur grande surprise, néanmoins, ils découvrirent le Gardien non seulement entier, mais encore en vie, quoi qu’évanoui et contusionné par la puissance de l’impact magique. Son armure dorée, bardée d’enchantements, en avait absorbé la majorité, et ainsi protégé son porteur d’une fin tragique ; une fin qui, malgré tout, aurait peut-être été plus souhaitable que de survivre, incapacité, au milieu de ces hommes aux pensées impures et aux sourires carnassiers.

Lorsqu’il s’éveilla, Gadreel était nu. Précautionneux, les envahisseurs l’avaient attaché au moyen de trois fers par membres accrochés aux anciens arbres dont les racines, vieilles de plusieurs siècles, les ancraient tant en profondeur qu’il eut été impossible de les arracher. Son visage était terreux, mettant ainsi en valeur l’éclat blanc de ses iris, et ses cheveux salis par la boue et le sang dans lesquels il fut traîné, alors encore inconscient.
C’était avec d’autant plus de surprise que les malfrats l’avaient découvert intact de toute blessure – son corps était vierge de stries, à l’exception d’une étrange marque lui rongeant le bas-ventre, remontant jusqu’au sternum et au côté gauche de sa poitrine, et rampant le long de son flanc droit jusqu’aux lombaires. A l’en voir, l’on aurait dit qu’il fut brûlé, écorché, et rafistolé par quelques chirurgiens tenant davantage du boucher que du médecin ; une véritable ignominie d’autant plus mystérieuse qu’elle n’était guère le fruit d’une manipulation humaine.
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MessageSujet: Re: Une augure de la Fin des Temps   Une augure de la Fin des Temps EmptyMer 14 Sep - 0:33

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La nuit s’était installée dans le marécage, et de grands feux de joie consumaient, à quelques mètres de là, les corps préalablement rassemblés des vaincus. Les flammes dansaient sous le couvert des étoiles ; dansaient au rythme de ces maraudeurs qui, loin de pleurer les morts ou de les regretter, discutaient en entrechoquant leurs chopes d’un élan victorieux ; dansaient au rythme des horribles cris déchirants d’une voix familière perdue dans l’obscurité.

Gadreel en fut immédiatement alerté – même s’il était incapable de déceler son visage, il reconnaissait ce timbre qui, lorsqu’il n’était pas porteur de ces mêmes complaintes qui suffiraient à l’abattre, était doux, et chaleureux. Dans sa hâte, il avait retrouvé Cheseb, et avait connu le même sort que cette dernière qui souffrait des pires inventions sadiques que l’on se plairait à essayer.

L’un des baroudeurs vint trouver le chevalier enchaîné et se planta devant lui avec l’un de ces sourires qui feraient fuir du regard les moins courageux : c’était un quarantenaire mal lavé, puant l’alcool comme si l’odeur eut été un bouclier de mana, à la barbe dégoûtante et rasée grossièrement à qui il manquait les deux incisives. Des mouches volaient autour de lui, agrémentant ainsi son armure tâchée de gras, d’alcool et de sang d’une touche non moins raccord avec son hygiène de vie. Il était suffisant, et avant de prononcer la moindre parole, enfonça sa botte boueuse dans le visage de Gadreel.

« Eh beh, t’es bien loin de chez toi, le chevalier. Lui fit-il d’une voix profonde, quoi qu’un peu nasillarde, qui transpirait la moquerie à plein nez. Tu devais avoir peur pour ta gonzesse, je parie. T’en fais pas, va, maintenant que t’es là, on va bien s’occuper d’elle. »
Quand bien même était-il humilié, Gadreel défia d’un regard silencieux son tortionnaire et tira sur les chaînes qui retenaient ses bras, en vain, ce qui ne manqua pas d’arracher un rire gras au maraudeur, qui s’amusait à le couvrir de coups de poing en plein visage. Lorsqu’il en eut assez, et que ses phalanges étaient roussis par les chocs, il tira de son dos un petit couteau à dépecer, se saisit du chevalier par l’épaule et lui écorcha la face interne du biceps, bercé par la souffrance du torturé, devenue musique à ses oreilles.

« Bon, écoute-moi bien mon gars. Ca fait déjà quelques heures qu’on cuisine ta camarade pour avoir de quoi vous dégommer toi et tes lascars, sans succès. Elle parle pas, elle fait que gueuler, comme tu peux l’entendre.
« Maintenant que t’es là, on va peut-être trouver un arrangement : tu nous donnes ce qu’on veut, et on la laissera peut-être partir ; toi par contre, on va te garder. Après tous les gars que t’as foutu au tas, j’ai deux ou trois idées qui te feront passer l’envie de faire le mariole avec nous.
« Donc ? Marché conclu ? Tu parles, la petite repart. »

Outre le serment de protéger jusqu’à la fin des temps le Monastère, le chevalier sut que ces hommes, et particulièrement un aussi vicieux que celui qui lui faisait face, ne tiendraient jamais parole, encore moins après la destruction qu’il avait causé au sein de leur camp de guerre. Aussi ne répondit-il rien, par honneur chevaleresque, et pour Cheseb qui, malgré les horreurs auxquelles elle fut soumise, n’avait jamais renié ses vœux.
Le bandit était patient, et comme aucune réponse ne venait, il haussa les épaules et reprit :

« Tant pis, j’aurais essayé. Vu que tu fais la forte tête comme l’autre, on va faire simple : à chaque heure qui passe sans que tu dises quoi que ce soit, je te rapporterai un de ses doigts. Et si t’as toujours par parlé d’ici là, ce sera une main. »

Un soubresaut de rage prit Gadreel qui s’essaya à plonger sur le maraudeur, mais retenu qu’il était comme un animal enragé, il ne donnait que cette figure d’un chien aboyeur coincé derrière une grille ; néanmoins, son élan prit de surprise le tortionnaire goguenard, qui se mit à rire à nouveau.

« Allez, allez, je rigole. Fit-il en caressant avec une fausse bienveillance les cheveux sales de son prisonnier.
« J’ai déjà commencé. »

Et il jeta aux pieds de Gadreel l’annulaire arraché de sa bien-aimée, où y était encore retenu l’alliance en argent qui scellait leur union, puis lui cracha au visage. Il se saisit alors de son poignard et lui enfonça dans la clavicule avant de tourner les talons et d’abandonner le chevalier enchaîné au fardeau terrible qui venait écraser son cœur s’enfonçant dans l’amertume. La vision de ce doigt mutilé, porteur d’une preuve d’amour qu’il connaissait en des temps plus heureux, aurait été suffisante pour renier sa cause et les supplier d’épargner sa Dame, mais les mensonges et le sadisme des monstres qui le retenaient prisonnier étaient autant de preuves qu’ils ne respecteraient jamais un tel accord, et ne serait satisfaits que lorsqu’ils auraient infligés suffisamment de peine et de terreur pour rassasier leur infatigable appétit pour le désespoir d’autrui.

Les heures qui suivirent étaient d’autant plus terribles que Gadreel se crut mort, et arrivé dans quelque lieu infernal de jugement ; lorsque les marauds ne le passaient pas à tabac, ils plantaient leurs couteaux et leurs épées dans le Gardien comme s’il était un vulgaire mannequin d’entraînement, et s’amusaient à voir sa constitution ésotérique le rafistoler aussitôt blessé. Lorsqu’ils se fatiguaient de leurs armes, ils aspergeaient ses mains d’alcool et approchaient leurs torches pour carboniser ses mains qui, quand les flammes s’étouffaient enfin, ne laissaient pas la moindre trace. Ils arrachaient ses ongles, qui repoussaient aussi vite, arrachèrent ses joues au moyen d’attaques grossières au canif, qui se reconstituaient en quelques minutes, et le rouaient de coups à la mâchoire pour la disloquer et se gausser de la voir se remettre en place.
Parfois, Gadreel entendait Cheseb tenter vainement de se retenir de hurler à la mort, de sorte à ne pas offrir ce plaisir à ces tortionnaires ; et ces instants étaient toujours prédécesseurs de la visite de l’édenté qui amenait à son prisonnier les doigts promis – il se plaisait même à ne pas suivre sa propre directive, et parfois lui prenait l’envie d’amener non pas un, mais deux de ses doigts effilés que Gadreel aimait tant serrer contre les siens. Et sa visite était toujours annonciatrice de quelques autres malheurs ; du fer rouge ; des dagues à lames distordues causant des blessures qui, même pour la bénédiction sauvage du Gardien, étaient complexes à refermer ; il vint même lui briser chaque doigt minutieusement à l’aide d’une massette, et pouvaient parfois rester une demi-heure entière à exploser successivement ses phalanges à mesure qu’elles se reconstruisaient.

Au bout de la dixième heure, il revint voir Gadreel et laissa tomber devant lui les paumes estropiées de sa conjointe – Gadreel lui-même s’était étonné de cette visite, car elle fut la seule qui n’était pas précédée de ces cris perçants.

« J’parie que tu te crois malin, hein. Puisque tu veux pas parler, on va faire ça autrement… » ; au même moment, Gadreel reçut quelque chose de visqueux en plein visage, quelque chose de gluant qui longea lentement l’arête de son nez avant de tomber par terre : il s’agissait d’une langue.

Le Chevalier fut pris d’un relan, et il dut invoquer toute sa volonté pour ne pas vomir, pour ne pas pleurer toutes les larmes qui lui était encore possible de rassembler dans ses yeux rougis par la fatigue d’une nuit de perversion sadique. Une autre chose roula à terre, tombée des mains du tortionnaire, et Gadreel crut percevoir un reflet rouquin dans une crinière brune : aux côtés du muscle parolier mutilé de sa bien-aimée venait de rouler sa tête au visage livide et aux yeux remontés dans leurs orbites ; elle était exempte de toute marque, car elle possédait la même bénédiction que son mari, mais sa bouche entrouverte qui laissait voir l’absence de sa langue et de quelques dents fut une oratrice silencieuse de son tourment.

Gadreel se sentit si écrasé par les remords qu’il ne prêta pas attention alors que ses chaînes retombaient et qu’on le relevait par les aisselles ; il se laissait emporter par les soudards, ses pieds nus traînant dans la saleté du sol, et son tortionnaire suivait de près. Son visage était pétri d’orgueil, porteur de quelques sentiments partagés entre la satisfaction, la suffisance, et la tristesse de perdre cet amas de chair immortelle qu’il lui plaisait de tailler en pièces.

On le jeta dans le cours d’eau qui bordait l’entrée du camp, et les deux marauds le rouèrent de plusieurs coups de pied tandis que l’édenté lui adressa les derniers mots qu’il entendrait de ces infâmes rejetons démoniaques :

« Tu vas leur dire de nous amener votre trésor. Tout ce que vous avez. Tu vas leur dire de le faire, où il vous arrivera à tous ce qui est arrivé à ta gueuse. Et tu leur détailleras bien pour me faire honneur, hein. »

Il lui fit un clin d’œil et l’abandonna non gratifier son dos d’un dernier crachat rendu ocre par le tabac.

Une heure passa, et après celle-ci, l’on vit Gadreel se relever lentement, ses jambes menaçant de céder à tout moment tant celles-ci étaient secouées de tremblements de faiblesse. Lui, dont on connaissait l’esprit vif et la diligence, le sens du devoir et l’altruisme, n’était plus qu’une carcasse dont on ne pouvait déduire quelle force lui intimait de poursuivre vers cette vallée perdue dans le creux de la montagne ; lui qui fut abandonné par les siens et par le monde, qui abandonna Cheseb à son sort, rampait misérablement vers ceux qui l’avaient délaissé à ses supplices.

L’on vit Gadreel quitter ces questions d’existence à tout jamais, et ramper vers l’oubli.
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