Révélations

Admin Messages : 317 Date d'inscription : 18/04/2018

Citation :: Rapport du : 13/09/42
Mission : Révélations
Lieu : Arche, Féralas
Présents : Daniel Varenne, Mélusine Greenwood

Ordre de mission : Explorer la Colline de la Mélancholie
Statut de la mission : Réussie

Rapport de mission : La mission était accomplie : enfin, les rebelles étaient libres. L'avenir de cette guerre promettait encore maintes batailles, à la conclusion de Fort Nihil, mais les lourdes pertes essuyées à Eldre'thalas avaient donné un rude coup au moral des rebelles. Et comment le leur reprocher : ils ont été témoins de la puissance surréaliste d'Abseel, à laquelle nous ou la Couronne Dorée, à la force pourtant mythique, ne pouvions rien. Tous autant que nous furent, nous avons été balayés par l'estramaçon d'une bête explosive ne laissant que la Ruine sur son passage.

Après un temps alloué au repos, il fallait malgré tout persévérer. Cette guerre ne pouvait pas être remportée dans la sécurité illusoire d'une tour désaffectée. Après un échange avec Eden, Kayn et Zaqiel, nous avons convenu que nous allions les accompagner dans leur quête pour la Colline de la Mélancholie - une idée soutenue par Zaqiel tout particulièrement, qui pensait que notre présence serait utile ou importante. Alors, les rebelles partiraient de leur côté, et s'en iraient pour la Halte de l'Espérance, afin d'y préparer notre dernière bataille : celle qui déterminerait si l'Arche tomberait, ou non.

Quelques mots, quelques adieux, et les routes se séparèrent. Aux côtés des chevaliers d'Auroréa, nous gagnâmes les abords des terres de l'Abandon. Ça ne semblait être qu'hier, que nous bravions ses eaux mensongères et cette grotte illusoire. Et la route continuant, nous passâmes à proximité d'Eldre Thalas, désormais abandonnée par ses assiégés comme ses assaillants. N'en restait désormais que les ruines marquées par le passage du Héraut de la Ruine. Et c'est près des portes du Requiem que notre chemin s'arrêta : sur le bas-côté se trouvait une porte semblant faite de racines, qui barraient la progression.

Nous avons cherché une solution pendant un moment, sans succès. Il ne semblait pas y avoir de serrure, de poignée... Rien. Ce n'est qu'en cherchant un éventuel artefact oublié dans nos poches que Zaqiel a su remarquer un pendentif émaillé et ancien, celui que nous lui avions ramené de Morneroi. Il en émettait une intense lumière qui, une fois libérée de sa prison de tissu, nous ouvrit la voie.

Nous avons trouvé une rampe d'herbe taillée, où dansaient quantité de fleurs aux couleurs distinctes. Des camélia rouges, jaunes et blanches, dont les pétales s'élevaient dans un ballet de mélancholie continue. À mesure que nous montions, les couleurs des camélias s'effaçaient au profit des bleu de myosotis, au magenta des erica, et des bruyères immobiles malgré le vent. C'était un cocon à l'écart de tout, une touche poétique semblant sincère dans une région altérée faite d'atrocités et de vies gâchées. Et, à l'issue de cette ascension, nous parvenions à atteindre un plateau isolé dans l'obscurité.

L'herbe y était dense, mais devenait rare à mesure que l'on progressait au centre du plateau, jusqu'à complètement y disparaître. Les fleurs, elles même, s'espaçaient, comme par respect pour le petit autel de pierre qui s'y trouvait, aux côtés d'une unique primerose jaune et esseulée. Sur l'autel, on pouvait voir un soleil de bois taillé, où fut dessiné un sourire enfantin fait par une main bien trop jeune. Il n'était rien d'autre en cet endroit.

Cet endroit revêtait d'une symbolique particulière pour nos compagnons. Ce soleil était "le soleil de Cheseb". Graves, et atteints par cette découverte, ils durent prendre quelques instants pour considérer les implications. Nous étions des étrangers dans cette réalisation, mais déjà des bribes d'informations nous venaient, aux secrets terribles. Alors, les chevaliers de la Couronne Dorée révélèrent la plus noire des nouvelles.

Gadreel d'Auroréa est le Père des Carnages.

L'histoire des Chevaliers d'Auroréa leur appartient, et s'ils nous la contèrent ce jour-là, il ne nous appartient pas d'en coucher la tragédie sur papier. Alors, à compter de cet instant, les lignes de ce rapport ne sauront contenir que l'essentiel, afin de comprendre le pourquoi.

Les chevaliers d'Auroréa étaient un ordre soudé autour d'un serment commun. Gadreel et sa compagne, Cheseb, en étaient membres. Un ordre fondé autour d'un sacrifice absolu mais résolu. Et par trop de fois, la cruauté du sort les força à combattre contre l'extérieur, pour protéger l'objet de leur serment. C'est dans l'une de ces batailles que Cheseb disparu, enlevée par l'ennemi. Gadreel, autrefois un homme bon et noble, au savoir profond et armé d'une curiosité éternelle, en fut profondément boulversé. Un bouleversement d'autant plus décuplé que ses frères et sœurs d'armes ne pouvaient pas, eut égard à leur serment, venir en aide à leur consœur disparue, ou leur confrère en détresse.
Alors, Gadreel parti seul. Malgré la force dont il a fait preuve, les combats qu'il mena, il ne parvint qu'à être à son tour capturé, et torturé par les barbares qui les enlevèrent. Il ne retrouva pas Cheseb - ses tortionnaires l'en empêchèrent. Ils prirent la vie de sa compagne, après des cruautés sans fin. Il fut libéré par les barbares, qui marcha jusqu'à rejoindre le monastère de leur ordre. Lorsque l'objet de leur devoir s'éteignit à son tour, Gadreel participa à la Grande Inhumation - un suicide collectif, pour ceux qui souhaitaient en finir.
Zaqiel, toutefois, ne souhaitait pas le laisser partir alors que son âme n'était alors qu'un fragment de l'éclat d'alors. Elle pu convaincre les passeurs de lui rendre la vie, mais pas sans qu'il ne puisse être témoin de ce qui l'attendait dans l'au-delà. Le pire des Enfers. Ainsi était une terrible vérité pour tout les chevaliers, condamnés à une damnation éternelle pour leur seule nature. Alors, lorsqu'il revint à lui, il se leva, et disparu.

C'est là dessus qu'est né le Père des Carnages. Né de la cruauté des hommes, de la barbarie sans âme de certains animaux. Et de l'injustice infinie de l'histoire des siens, et de ceux qu'il a aimé. Et malgré toute la compassion que l'on puisse ressentir à son histoire, malgré la peine que l'on puisse avoir en entendant son destin, notre vérité est inchangée.

Il est le Père des Carnages, l'Apostat de la Paix. Et notre devoir est de l'arrêter, car sa vision, celle de la Fin des Temps, ne saurait être justifiée par même la plus terrible des tragédies. Alors, le coeur lourd d'un devoir à mener, nous irons bientôt à Fort Nihil. Nous ferons s'écrouler les plans infernaux de cette Arche.

Pour offrir un peu de paix à ceux qui se battent depuis si longtemps contre lui, et pour tenir nos promesses auprès de Victoire et des siens.