Marchebruine
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 Le Royaume Souterrain

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Daniel Varenne
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Daniel Varenne


Messages : 317
Date d'inscription : 18/04/2018

Le Royaume Souterrain Empty
MessageSujet: Le Royaume Souterrain   Le Royaume Souterrain EmptySam 16 Sep - 23:11

Citation :
Rapport du : 02/06/43
Mission : Le Royaume Souterrain
Lieu : Dans les abysses des terres dévastées
Présents : Daniel Varenne, Mélusine Greenwood, Brynhildr Asran, Alcinoé Fal'theril, Edgan Reynor


Ordre de mission : Pénétrer les profondeurs et accomplir la prophécie de Froid Sommeil
Statut de la mission : Réussie

Rapport de mission :

Il est difficile de trouver les mots après avoir vaincu un adversaire de légendes. Nous avons, pour beaucoup, entendu parler des val'kyr, et de leur glorieuse présence sur les champs de bataille. Thrùd ne faisait pas exception. Si elle a été notre ennemi, elle a été implacable, puissante. Et cette figure tragique, peut-être, pu connaître une fin que j'espère satisfaisante, des mains même de l'une de ses descendantes. Une fin douce-amère pour celle qui avait sacrifié sa nature même sur l'autel de son devoir. Cette victoire était également le symbole de la progression de cette guerre que nous pensions - et que je continue de penser - désespérée. La chute de la guerrière ailée était le signe que nous pouvions vaincre les lieutenants les plus puissants de Ragnaros.

Notre retour au village né dans la cendre et les braises se fit dans une sorte de silence presque religieux. Honoré ne pouvait encore accepter le départ de son frère. Certains d'entre nous étaient encore trop choqués d'être en vie ou d'avoir vaincu, ou seulement marqués par la fatigue des combattants qui n'eurent connus de vrais repos depuis trop longtemps. Peut-être que certains craignaient qu'encore une fois, la cruelle réalité nous frappe à nouveau à l'arrivée au village, et que cette fois une nouvelle bataille nous priverait d'Honoré à son tour. Et si le destin ne valida pas ces inquiétudes immédiatement, l'épée de Damocles ne saurait se dissiper qu'après notre victoire contre la Première Flamme.

Pourtant, les villageois n'éprouvaient pas cette même langueur. Leur désespoir avait été chassé par ces victoires et ces conquêtes. Ils se mettaient à espérer un lendemain. Les coeurs étaient hauts, les yeux chantants, malgré la guerre qui n'était pas finie. Ils ne semblaient avoir qu'un désir : enfin affronter l'effroi de la Première Flamme, pour le voir choir. Alors, pendant une trop longue semaine, nous nous sommes reposés - ou avons essayé de le faire. Nul d'entre nous n'avait encore la force de paraître héroïques, fer de lance de la cause. Nous étions trop fatigués. Une fois de plus, nous étions forcés de constater que nous n'étions que de simples hommes et femmes, dont les limites étaient éminemment humaines.

Trop vite, ou peut-être pas assez, il a toutefois fallu se remettre en route. Voués à cette fois-ci accompagner Honoré et Adeline jusqu'à l'entrée du royaume souterrain de Froid Sommeil, pour y accomplir cette prophétie dont nous étions les héros malgré nous.

Ce voyage ne fut pas le plus long que nous ayons eu à réaliser dans ce monde ardent, mais il était le plus insoutenable : nous n'avions aucune idée de ce vers quoi nous allions. Et, alors que nous nous sommes trop vite tenus face à l'entrée de la caverne de Froid Sommeil, nous avons été contraints d'abandonner Honoré. À marcher dans l'obscurité, seuls, après avoir à nouveau promis de revenir en vie pour achever cette guerre à ses côtés. Dans cette grotte, il n'y avait de chaleurs : la flamme ne pouvait y naître. Si l'air était plus respirable que sur la surface, l'angoisse venait étreindre chacun de nos organes.
Au fond de cette interminable sillon souterrain, nous avons découvert une "cathédrale" illuminée de cristaux pourpres, où baignait une eau reflétant chacun d'entre eux. Une brume fantomatique, impavide, gelait chaque pore de nos peaux pourtant couvertes, désormais trop habituées à la fournaise de la surface. Pourtant, il n'y avait pas le moindre son, sinon ceux que nous produisions nous-même. Nous ne pouvions que suivre cette architecture inexplicable, jusqu'aux profondeurs d'un souterrain qui ne semblait pas vouloir finir, qui amena jusqu'à une issue auréolée d'espoirs bientôt tus : une terrasse maigre, un plateau érigé sur de grands piliers lequel donne vue imprenable sur la dolente terre. Elle est de même qu’un grand fossé, aux tertres concentriques, dont chaque strate plonge un peu plus profondément jusqu’à l’abîme central, d’où perce une tour immense.
Alors, nous avons continué. Nous avons marché comme s'il s'agissait de la seule chose que nous savions faire, au travers de cette terre dépourvue de teintes et à l'immortel silence, jusqu'à rallier une grande arche, fermée magiquement par un voile éthéré, gravé de runes que nous ne pouvions comprendre.
Et c'est face à arche que la Voix des Profondeurs nous vint, armée de questions auxquelles nous devions répondre pour gagner le passage sur cette voie.

Ces questions étaient obsédantes. Leurs réponses auraient pu être simples à trouver, mais il y avait quelque chose d'interpellant. Quel était leur sens ? Pourquoi celles-ci ? Dans l'hésitation, entre la crainte de ne pas répondre ce que la Voix aurait désiré, et celle de lui mentir. Mais c'était en fait un pèlerinage, où nous devions penser nos propres réponses, par nous même.

À chaque porte, une question. Parfois suppléée de visions pour mieux en étayer le propos. La première qui nous fut posée était un choix, un camp à soutenir entre un tyran implacable offrant une chance à ses sujets une vie stable, une chance à la vie mais dans le labeur, ou les rebelles qui bouleverseront son ordre pour faire primer la liberté et son inévitable chaos dans le tumulte des volontés parfois, ou souvent contradictoires - car quel sacrifice n'est-il pas bon de faire au nom de la Liberté ? Il n'y avait pas de bonne réponse. La mienne était le tyran : un choix que je voulais pragmatique - mais dont il m'arrive encore parfois de douter.

La Voix continua de nous parvenir à mesure que nous progressions dans cette lugubre immensité. Nous avons été mis face à nos propres contradictions, au moins pour certains, et l'une des pires vint me mordre à plus d'une reprise : notre propre résolution. Trop souvent, nous avons été amenés à faire des concessions sur notre moralité, mais surtout sur la conviction que nous en avons. Obsédé par le fantasme de faire le "bon choix". De ces dialogues ai-je au moins tiré une nouvelle détermination : celle d'aller jusqu'au bout du chemin que nous avons décidé de tracer. Sans concessions vaines, et sans s'obséder des détails : comme l'aura dit la Voix, nous ne pouvons vaincre si nous sommes rongés par les doutes. "Nul n'a d'intérêt à aller en guerre, si son âme n'en veut point, et apporte seulement la défaite sans conviction".

À la seconde porte, nous avons été confrontés à un choix peut-être plus cornélien encore : celui du sacrifice. Face à la figure illusoire d'un grand démon implacable et Héraut de l'Apocalypse, nous avions à choisir entre organiser une défense dans un village promis à être détruit inexorablement à moins d'y faire notre dernier combat pour lequel n'existerait qu'un fol espoir de vaincre, ou l'abandonner à une mort vraisemblable pour rallier les rangs des défenseurs plus loin, et, par le sacrifice de ces hères, peut-être sauver le monde dans son ensemble.

C'était un nouveau problème presque personnel : combien de fois nous ai-je targué d'être capables de prendre la bonne décision en de pareilles circonstances ? D'être pragmatiques et privilégier le "bien commun" à celui d'un petit nombre ? Pourtant nos décisions n'ont en rien reflété cette réalité : beaucoup trop d'entre nous on fait le choix de rester à ce village pour en persuader les habitants, ou d'y combattre maintenant. Une décision qui n'aura finalement eu aucun impact. Nous aurions dû conserver cette cohérence. Abandonner ceux qui ne pouvaient être sauver pour privilégier le plus grand nombre. Faire un choix immoral pour bien des âmes, quitte à être perçus comme des monstres, car l'enjeu n'était pas la vie d'un village, mais celui d'un monde.

Dans cette guerre secrète que nous menons contre le Carnage, il n'y a pas de place pour la naïveté. Pas lorsque de l'issue de ce combat sera décidé le sort d'Azeroth.

Et c'est là dessus que nous prîmes le chemin de la dernière porte. Derrière le voile de la seconde, nous pouvions découvrir l'immensité de la gigantesque cavité, et le pilier monde qui la soutenait. Des ténèbres au froid polaire, plus intense que le Norfendre même, primordial. Notre voie n'était éclairée que par ces maigres mais nombreux cristaux infusés d'une âpre lueur. Une vaste étendue morte, vide, évocatrice d'un néant d'ombres que l'on ne verrait que dans les plus pures désolations, pourtant sans débris. Rien. Un Rien où nous progressions, avec pour seul compagnon cette Voix. Et au pied du pilier monde, à rallier après une errance interminable dans les ténèbres sur un terrain dépourvu de pitié, nous attendait la porte finale. Elle n'avait aucune représentation à nous offrir, aucun ornement vain pour étayer cette question qui nous fut posée : Pourquoi est-ce que notre monde méritait d'être sauvé ?

Une question révoltante. La réponse était si évidente, après tout ? La peine d'un homme ne peut, ne doit pas condamner un monde. Les exactions de quelques uns ne doivent pas condamner les légions d'innocents aux crimes qui sont reprochés. Mais cette question méritait que l'on s'y attarde, ne serait que pour comprendre. Le Père des Carnages n'est pas seul. Ses lieutenants ne le sont pas plus. Ce message atroce qui est porté ne trouve pas tant d'écho chez les égarés sans raison : les souffrances et les tourments sont légions. Ils se battent pour un idéal que nous ne partageons, certes, pas, mais leur lutte n'en est pas moins sincère que la notre. C'est à ce moment là que j'ai réalisé une vérité pourtant si évidente : nous n'avons, contrairement à ce que je pensais, aucun piédestal moral envers eux. Nous ne faisons, finalement, que nous battre pour notre cause, pour continuer à rendre pérenne ce monde qui en fait souffrir tant.

Nous ne sommes pas des héros universels. Cette guerre causera plus d'un malheur... Et c'est une réalité que nous devons accepter. Nous défendons notre monde, mais un monde : ceux qui se vouent à apporter sa fin sont des ennemis qui ne reculerons devant rien pour accomplir leur propre idéal. Alors nous devons les affronter avec la même fermeté, avec le même absolu. Seulement ainsi pourrons-nous repousser le Carnage. Il n'y aura jamais de place pour une demie mesure. Pour un choix parfait. Nos causes ne peuvent coexister, et c'est seulement dans leur mort que nous pourrons sauver ce monde que nous aurons choisi.

Avec notre réponse, non unanime, la dernière porte s'ouvra. Derrière ce voile, nous découvrîmes un couloir de pierres maussades perdues dans un tertre maudit, illuminées de pales faisceaux, donnant sur une large salle aux multiples alcôves effondrées sur elles-mêmes. En son centre, sous le Pilier Monde, se trouvait un cercle, d'une infime taille en comparaison. Un cercle enfermant non pas de la pierre, mais de la terre meuble où poussait un arbre unique. Un arbre pleureur, aux branches affaissées, défait de sa couronne de feuilles. Dépourvu des fleurs et feuilles qui devaient jadis le décorer de vie. C'était le même arbre que dans la cour du Monastère. Et c'est de l'obscurité que se révéla la silhouette connue du vieil homme aux habits en guenilles, glacial par ses deux iris d'un azur spectral. Nous étions face à la mort personnifiée, incarnée sous les traits d'un mendiant dont la faiblesse du corps n'avait su flétrir l'implacable port impérial qui l'animait.

Cet arbre était une réponse à une question soulevée il y a bien trop longtemps. Une réalisation soudaine de ce qui devait être fait. Une promesse tacite. Dans l'Arche, j'avais ramassé un pétale pâle, sans bien comprendre pourquoi. Depuis, il ne m'avait jamais quitté, résidant perpétuellement dans cette petite bourse pourtant réservées aux pierres laissées par Seth et Livià. Je n'entendais plus les échanges des autres. Ce pétale devait retourner à sa terre. Libéré de son carcan de cuir, je l'ai amené au bois dénudé, qu'il a rejoint sans même que mon mouvement n'ait achevé de l'y poser. Il s'est lié à l'Arbre comme une seconde moitié qui lui manquait, et qui était enfin restaurée.

Et de même que l’on eut tiré une âme du Voile pour l’en ramener en son corps, entend-on le craquement des branches, comme si elles s’animaient des grâces de l’outre-monde, et d’une vie nouvellement trouvée. Lentement, avec une majesté que peu d’arbres peuvent se targuer d’avoir, la canopée se couvre-t-elle de bourgeons d’albâtre, lesquels fleurissent pour certains, et de ces fleurs, certaines meurent et donnent lieu à d’autres. Ainsi, la pousse devient grand ; ses branches s’élèvent comme une couronne impérieuse, et s’entortillent tout autour du Pilier-Monde, enserrant la pierre mystique des fragments lévitant par-dessus le Temple de la Terre. L’arbre les assemble à nouveau, consolide ce qui n’était plus, malgré les craquelures qui jamais ne disparaîtront, et de fait amène en le monde déformé, quelque chose qui eut quitté ses implacables tyrans.

Le Vieil Homme s’avance, ainsi que sa carcasse fébrile ne titube et ne tremble ; sa main famélique embrasse le bois revigoré de l’arbre millénaire, et sa canne choit en un temps même que son corps, disparaissant au gré des ténèbres. Mais seulement, de ces dernières, jaillissent de puissants pas métalliques, lourds et lents, abattant les dalles sous des solerets implacables, et se manifeste ainsi une figure de deux mètres de haut passés. Par une broche représentant un crâne monstrueux, une cape déchirée passe autour de son cou, et chevauche les murmures ténébreux sillonnant dans le monde interdit, que nul autre que les arpenteurs du Voile peuvent entendre. Une armure teinte d’un noir représentant la vacuité, aux ombres fumantes s’échappant de ces plaques solennelles perverties par la putréfaction, emprisonne l’énigmatique Incarnation, dont on perçoit, malgré la terreur primordiale que convoque sa présence seule, qu’elle est de silhouette humaine.

Devant nous se tenait Azraël d'Auroréa, Lui qui Annonce la Fin, et Pseudo-Apostat de la Vie.

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