Marchebruine
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 Un cruel aveu

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AuteurMessage
Daniel Varenne
Admin
Daniel Varenne


Messages : 317
Date d'inscription : 18/04/2018

Un cruel aveu  Empty
MessageSujet: Un cruel aveu    Un cruel aveu  EmptyLun 6 Nov - 17:15

Citation :
Rapport du : À une date indistincte
Mission : Un cruel aveu
Lieu : Sainte Lumière
Présents : Daniel Varenne, Mélusine Greenwood, Brynhildr Asran, Alcinoé Fal’theril, Edgan Reynor
Ordre de mission : Confesser la réalité à Honoré
Statut de la mission : Accomplie

Rapport de mission :

Notre retour au sein de de la colonie de Sainte Lumière fut… Contrasté. Ces survivants étaient animés d’un espoir ravivé, et d’une rage qu’ils n’avaient alors pas connue. Eux qui, si longtemps, avaient été cantonnés au rôle abject de réfugiés ou esclaves, soumis à la tyrannie d’un Dieu qui n’aurait jamais dû prendre le pouvoir. Enfin, pensaient-ils, pouvaient-ils reprendre leur destin en mains, pour la promesse d’un lendemain plus radieux.
Mais nous savions quelle était la vérité : une odieuse réalité. Leur monde était factice, créé par les instigations du Père des Carnages et de ses lieutenants. Et la mort de leur tyran, alors, aurait pour conséquence la fin même de leur monde, de leurs vies. Il n’y aurait aucun lendemain glorieux, aucune chance de pouvoir vivre autrement. Qu’étions-nous, alors, si ce ne sont des corbeaux de mauvais augure ? Qui étions nous pour nous permettre de le taire, alors qu’ils nous accordaient leur amitié, leur confiance ?

Nous fîmes un choix, le seul que nous pouvions prendre : celui de l’amère honnêteté. Celle que nous devions à Honoré, chef de ces colons, et maître de leur destin. Mais comment annoncer à un homme que sa vie n’était que la conséquence d’un cause le dépassant ? Que leurs peines, leurs épreuves et leurs tragédies, n’étaient que les conséquences de l’odieux désir d’un homme de détruire le monde – notre monde ?
À notre demande, Honoré nous mena à l’écart, car ses mots étaient destinés à lui seul. Nous l’accompagnâmes jusqu’au lieu qui portait les tombes, réelles ou symboliques, de tant de vaillants tombés sous le joug de la Première Flamme, y compris celle de son frère, le tant aimé Léandre. Celui dont le sacrifice s’était fait flambeau d’un espoir ravivé, et du retour de la Lumière sur ce monde qu’elle avait oublié… Un cœur que nous venions briser.

Je ne suis pas fier de coucher sur ces lignes l’hésitation et les maladresses que nous avons eues alors. Mais comment aborder ce sujet ? Comment lui annoncer que la mort de son frère avait été vaine - à l’instant de tant d’efforts et de sacrifices ? Aucun mot ne saurait adoucir une pareille injustice. Nous nous faisions bourreau de ses espoirs, de sa cause, et de cette âme dont il était pourtant censé être dépourvu.
Il reçut nos explications confuses avec scepticisme, puis avec une colère justifiée. Je ne peux même pas songer à appréhender les pensées qui lui vinrent alors… Je ne souhaite pas le faire. Ce serait une imposture. Et nous n’aurions probablement pas su transmettre cette vérité sans l’aide froide, mais factuelle, d’Azraël. Peut-être fut-il dans ce moment ce qu’il avait été pour nous : un enseignant transmettant une dernière pièce de savoir à un homme dont la mort était inévitable, et dont le destin ne saurait être changé.
Lorsqu’il saisit, ce fut comme si nous avions nous-même fait tomber la hache du bourreau où était sa nuque.

Azraël le dit à Honoré lui-même : ses plaintes ne serviraient à rien, et aussi amer cela soit-il à considérer, il n’y aurait aucun réconfort pour le vaillant chef des colons : seulement le néant, et la négation de son existence, de lui et les siens. Alors, il lui présenta un choix. À celui qui n’a de sens, d’en trouver un. De se soumettre au règne de Ragnaros et de nous maintenir en ce monde comme ses prisonniers, et faire perdurer un monde factice, ou donner un sens à son existence en se faisant sauveur non pas de ce monde, mais du prochain. Continuer de vivre, à travers nous, et la légende que nous continuerons de porter jusqu’à nos propres morts : celle de Celui qui fit front à la Fin.
Des mots scellés derrière la bannière de Lordaeron la Déchue, qu’il lui tendit : un symbole passé de l’Apostat de la Vie, à celle d’un Héros.

Nous avons fait notre promesse à Honoré : celle de ne jamais l’oublier, lui, Léandre, et les siens. Du sens de leur combat, de cette bravoure perpétuelle qu’ils ont montré face à l’injustice que les mots ne sauraient décrire. Nous lui avons promis d’être à ses côtés jusqu’à la toute fin, nous qui nous faisions assassin de son monde. D’être son allié, dans ce monde, et de porter l’écho de sa volonté dans le nôtre.

Alors, nous avons attendu. Il s’écarta de nous, pour rallier l’extrêmité du poste d’observation où tant de fois il se tint aux côtés de Léandre, pour surveiller la région et protéger les leurs. Que pouvait-il lui passer par l’esprit ? Quelles sont les pensées qui lui vinrent, dans le chaos qu’elles devaient être ? Ses épaules semblaient si frêles. À lui qui pourtant s’était fait tant de fois le socle d’un combat contre un empire tenant dans la paume de sa main bâtarde tout un monde.

Il n’avait pas les mots pour définir sa colère. Mais il avait ceux pour formuler sa résolution : celle d’emporter l’empire de la Première Flamme, et les forcer à l’Oubli, à ses côtés. « Si nous ne sommes là qu’une erreur de notre monde, alors je me garderai de laisser quoi que ce soit à celui qui a forcé sur nous cette misérable existence. » Des paroles que je n’oublierai jamais.
Il nous confia son ressenti sincère : appréciant ce que nous avions fait, mais ne pouvant oublier, ignorer que nous sommes au moins en partie la raison pour laquelle il était là, pour laquelle il devait vivre une existence de tourments, lui et les siens, tout ça pour être réduits au néant comme s’ils n’avaient rien été.
Alors il le confirma : nous allions détruire cet Empire, au moins par vengeance. Après cela… Il verra. Il prit, entre ses mains, cet étendard proposé par l’Apostat de la Vie, symbole de cette vengeance à passer, et de la nouvelle résolution qui le prit. Et nous n’avions pas plus de mots à lui confier : nous ne pouvions en avoir plus. Il fallait lui laisser le temps de revenir à nous, et certainement d’achever de se préparer à la conclusion à venir.

La vérité délivrée, nous nous sommes détournés : désormais ne restait alors plus qu’à clôturer cette tragédie.

Tu ne pourrras jamais lire ces lignes, Honoré. Mais je le répèterai à nouveau.
Je suis désolé.
 
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