Sujet: Chevalier des Larmes : Panthéon des Héros Mar 28 Aoû - 14:46
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Dès tout jeune, je fus confronté au monde de la guerre au premier plan. Je n'avais que huit ans quand on m'enrôla dans la Campagne du Norfendre. Aujourd'hui, je suis vieux et j'ai beaucoup vécu, vu maintes choses, vécu maintes souffrances et maintes joies, mais mes possibilités s'estompent. Nous vivrons un jour, je l'espère, dans un monde de paix, où les épées seront aussi incongrues et inutiles qu'une pelle en papier. Mais laissez moi vous conter l'histoire de ceux qui se battirent pour l'Alliance et pour la Paix, les Héros que j'ai pu voir de mes yeux dans ma prime jeunesse, afin que personne n'oublie, même encore aujourd'hui, ce à quoi nous étions confrontés autrefois.
Abigaïl Natte-d'Or
Messages : 57 Date d'inscription : 23/08/2018
Sujet: Re: Chevalier des Larmes : Panthéon des Héros Mar 28 Aoû - 16:24
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Abigaïl "Bronzenatte" et les Faucons de l'Orage
C'était en Pandarie, bien après la Bataille de la Grève des Cent Tortues qui m'avait valu le sobriquet de Chevalier des Larmes. Arrivés avant la Horde sur cette position stratégique qu'était le village pandaren de Tsientai, nous dominions cette partie de la région. Suite à cela, les commandos du Si:7 furent appelés plus avant dans les terres, et nous fumes chargés de tenir la position en attendant les troupes du Continent. Ainsi en profitâmes nous pour faire connaissance avec la population locale, qui nous aidait à nous nourrir avec une bonne volonté extraordinaire à mes yeux : nous les défendions certes des orcs, mais nous leurs apportions aussi la guerre, là où on ne connaissait que la paix depuis des siècles... Nous restâmes également pour consolider les défenses village, au cas où, dont tout attribut défensif manquait, à l'exception d'une falaise naturelle qui couvrait tout l'Ouest en un croissant de lune. Ainsi le village fut-il entouré d'une palissade. Toute la clairière dégagée autour permettait de voir les ennemis arriver de loin, et quand la construction de deux tours de guet fut achevée, la discipline se relâcha légèrement parmi nos rangs.
Un jour, nous tentions de discuter avec une jeune mère pandarène et ses enfants, qui nous recevaient chez elle pendant que son mari travaillait à la récolte des pommes. Je m'émerveillait du bon sens et du style de vie des pandarens, et m'imprégnais de leur cuisine avec un plaisir certain. Un soir, alors que nous buvions un de ces cidres fleuris en la compagnie de cette même femme, nous entendîmes un cri d'épouvante, dans le village. Un cri de femme !
Maître Strogomir et moi-même sortirent en trombe, ainsi que la plupart des soldats du camp. Gisaient par terre plusieurs cadavres de soldats et de pandarens, haches de jet ou flèches plantées dans le dos. Des troupiers de choc de la Horde associés à des mercenaires trolls semaient la mort dans le campement, et firent beaucoup de victimes avant d'être repoussés à l'extérieur des portes. Je pris part à cette avant-goût de bataille du mieux que je pus, tandis que mon Maître foudroya à mort deux de ces horribles trolls avec son espadon. Le reste des embusqués s'enfuit... Pour grossir la troupe à l'extérieur. En effet, à l'épouvante générale, une troupe d'un millier de guerriers, chevaucheurs de loups, de lanceurs de haches et de mercenaires de la Horde fondait droit sur nous ! Nous n'étions que quatre cent, mais personne ne déserta pour autant que je sache. J'appris bien plus tard que les sentinelles des tours de guet avaient été abattues pendant la nuit, ce qui avait permit aux orcs d'avancer sans être repérés.
Le Commandant Brayne gueulait des ordres dans tous les sens, brandissant son épée runique ça et là pour faire obéir ses troupes, et les vétérans bousculaient les plus verts pour qu'ils forment le rang, les chevaux réveillés dans ce qui se profilait être une aube naissante hennissaient d'effroi quand leurs cavaliers sautaient dans leurs étriers brusquement. Nos archers et fusiliers eurent à peine le temps de se poster aux palissades que la Horde était déjà sur nous.
Les premières minutes furent d'une violence inouïe, les hurlements bestiaux des deux camps se mêlèrent au sang, à la poudre, aux flammes, aux éclats d'os et d'acier, dans un grand tremblement de terre apocalyptique entrecroisé de boules de feu et d'éclairs lancés par les deux camps. Dans la furie épouvantable de la mêlée, que nous arrivions miraculeusement à contenir à la porte de la palissade, nous n'avions pas l'avantage. C'est alors qu'un ordre fut gueulé au dessus du champ de bataille, et notre ligne battit en retraite. J'étais terrifié, mais j'étais parvenu à blesser un orc en enfonçant au hasard mon épée au travers des boucliers de mes pairs.
- "A L'HOTEL DE VILLE ! RETRAITE !" hurla Brayne du haut de ses deux mètres. Il se retourna vers ses Lieutenants, et commanda : "THARONDIEL, UNE SALVE ! MAC ANNON A LA SUITE. DONNEZ NOUS DU TEMPS ! QUE LA LUMIÈRE VOUS GUIDE !"
- "MESSIEURS, VOUS AVEZ ENTENDU LE COMMANDANT !" rétorqua l'officier de cavalerie, levant sa lance au clair. Nos cinquante cavaliers encore en vie hurlèrent en chœur et se préparèrent à la charge, tandis que l'officier des tireurs se précipitait avec ses hommes dans le sens opposé duquel nous fuyions.
Une salve des archers de Tharondiel fit un massacre dans le front de la Horde. Nos tireurs prirent eux-même la fuite pour nous rejoindre, puis Mac Annon prit le relais avec ses cavaliers pour les ralentir un peu plus, dans une charge qu'ils savaient suicidaire.
Je ne sais quelle fut leur fin, mais ils nous permirent de gagner un temps précieux et de nous cantonner dans l'enceinte ouest du village, que nous barricadâmes avec les meubles et tout ce qui nous passait sous la main. J'étais éreinté, mais la terreur me tenait debout. C'était dans ces moments là que j'étais capable de soulever des montagnes. Les autochtones pleuraient, vociféraient, certains voulaient partir et d'autre se battre à nos côtés. Je revis la femme pandarène qui nous avait servi le cidre plus tôt. Elle secouait entre ses bras un ballot humide et sanglant en hurlant de désespoir. Je compris peu après qu'il s'agissait d'un de ses enfants, quasiment coupé en deux par un coup de hache. L'autre demeurait introuvable.
Il fallu que Maître Strogomir me secoue violemment et me gifle pour que je sorte de ma stupeur horrifiée. "Willen. Ce n'est pas terminé. Prépare toi."
En effet, ça n'était pas terminé. Les deux catapultes furent mises, heureusement, hors d'état de nuire pendant la mêlée première, grâce à une habile boule de feu de notre terrifiant sergent Grillebille et une grenade lancée par un autre soldat, mais la Horde était encore bien plus nombreux que nous, et ne tardèrent pas à heurter la porte avec un bélier improvisé.
D'autres tentèrent d'envahir le camp en grimpant, taillant ou mettant le feu aux palissades, mais les efforts conjugés de nos tireurs et mages de bataille parvinrent un temps à contrer leurs tentatives.
La bataille s'enlisa, s'enlisa, s'éternisa, jusqu'au midi. Nous nous relayions pour batailler à la palissade, mais à chaque fois, de moins en moins en revenaient. Exténués, à bout de forces, nous commençâmes à désespérer. De plus en plus souvent, des guerriers ennemis parvenaient à passer par dessus le rempart. L'un d'entre eux, un redoutable troll armé de deux hache, fit cinq victimes avant d'être tué par le Commandant en personne, d'un seul et unique coup d'épée.
En milieu d'après midi, la Horde parvint à briser la porte princpale. Nous étions faits comme des rats.
Quand soudain ...
Un cor retentit dans les airs, au loin, faisant taire le tumulte un instant. Pendant cet irréel temps de flottement, chacun des orcs, des hommes, des nains, des elfes, des pandarens et des trolls se posaient alors la même question au même moment :
"Amis ou ennemis ?"
Pour tout le monde, la réponse ne tarda guère à venir. Au détour d'une des montagnes de la forêt se détacha soudainement, précédés par le soleil, une escouade de griffons et leurs cavaliers, traversant les airs à une vitesse impossible. Le Cor retentit une fois de plus, brandit par une naine en armure complète, dans le sillon de laquelle flottait une immense natte cuivrée comme un étendard. L'un des anciens soldats la reconnu et hurla :
"LES FAUCONS ! LES FAUCONS DE L'ORAGE ! BRONZENATTE VIENT A NOTRE SECOURS !"
Les Cent de Bronzenatte, les Faucons de l'Orage. Un groupe d'aventuriers nains chevaucheurs de griffons, devenus par la suite un groupe de mercenaires d'élite rattaché à l'alliance. Ils fondirent sur nos ennemis avec un tonnerre de hurlements de griffons et de cris de guerre sauvages. Je me souviens encore de leur assaut, certains tenaient d'énormes épées conçues pour la cavalerie volante, leur poids phénoménal couplé à la vitesse terrible des griffons éclatait les épais hauberts orcs comme du verre ; d'autres, et c'était le cas de leur capitaine à la natte cuivrée, montaient des griffons plus petits et plus agiles, et utilisaient des arcs. Leurs selles spéciales étaient bourrées de flèches.
Bronzenatte était la plus impressionnante entre tous. Plongeant en piqué la première, elle abattit trois guerriers orcs, redressa brutalement pour esquiver les lances et javelots, volta pour éviter les flèches ennemies, avec chaque fois plus de virtuosité. Dans la continuité de sa volte, elle resta la tête en bas un instant, solidement harnachée à son petit griffon, en rase-motte, et décocha des flèches à une cadence terrifiante pour abattre cinq autres ennemis, avant de redécoller brutalement.
Nous autres, au sol, voyions dans la mêlée nos ennemis mourir d'une flèche dans la gorge ou dans la tête, ou bien être foudroyé par l'un des guerriers volants avec une précision chirurgicale. Jamais je n'avais vu quelque chose d'aussi terrible et impressionnant. Nous ne trempâmes pas non plus nos épées dans l'eau, mais dans le sang d'orc, et galvanisés par cette aide providentielle.
Le commandant de l'assaut ordonna finalement la retraite à ses guerriers restants, et les Faucons les poursuivirent jusqu'à ce que le couvert de la Forêt de Jade ne les en empêchent. Nous avions gagnés, sauvés par Abigaïl Bronzenatte et ses Faucons de l'Orage. A la fin de la bataille, elle vint voir le Commandant Brayne, son heaume sous le bras et les cheveux détachés. Dans le silence qui suivit la bataille, elle lui tendit la main. Il l'enlaça farouchement, comme une sœur, et un grand "HOURRA !" retentit. Jamais je n'oublierais cette terrible bataille, ni Abigaïl Bronzenatte, héroïne de l'Alliance.