Marchebruine
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 Un nouvel espoir

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Daniel Varenne
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Daniel Varenne


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Date d'inscription : 18/04/2018

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MessageSujet: Un nouvel espoir   Un nouvel espoir EmptyJeu 20 Avr - 16:12

Citation :
Rapport du : Un nouvel espoir
Mission : Un nouvel espoir
Lieu : Retour à la colonie de la Sainte Oubliée
Présents : Daniel Varenne, Mélusine Greenwood, Brynhildr Asran, Alcinoé Fal'theril, Edgan Reynor


Ordre de mission : Un rappel de ce en quoi consistait la mission à l'origine
Statut de la mission : Réussite

Rapport de mission :

Le destin est une maîtresse cruelle, pour peu que l'on croie en son existence. Ça n'est logiquement pas mon cas : il n'y a, à mon sens, pas de futur pré-écrit, et nous sommes seuls maîtres de ce que nous devenons avec le hasard et les circonstances comme embûches sur le chemin que l'on choisit de se tracer. Mais, aussi convaincu que je puisse l'être de cette idée, ces derniers évènement en ont secoué le fondement.

Après notre victoire contre le Flammelige, il nous fallu prendre un temps de repos. Nos blessures étaient conséquentes, et en l'état j'étais sceptique à l'idée de même vaincre un seul groupe de bandit qui saurait à peu près quoi faire de ses lames. Nous étions dans un état profondément pitoyable. Alors, après avoir pansé nos plaies, nous avons attendu. Observé ce ciel aux obsédants reflets sur la caldeira. C'était comme un autre monde, en l'absence des séides de la Première Flamme qui ont disparu dès la mort du dragon signée de nos mains. Un monde habité seulement d'un troublant silence, où même les éruptions semblaient s'être tues. Aucun animal, aucun adversaire - seulement les souffles éparts qui s'échappaient de nos gorges tourmentées par les scories. À cet instant, j'ai sincèrement cru voir un monde ayant déjà basculé, mort. Ayant succombé aux flammes. Et cette rébellion portée par Honoré et Léandre était la seule chose qui s'y opposait encore. Malgré tout, je persiste à croire que des cendres de cet empire pourrait naître un nouveau lendemain pour nos alliés.

Quelques heures après notre arrivée à ce campement de fortune, nous avons enfin amorcé notre retour pour la colonie de la Sainte Oubliée, et abandonner derrière nous les ruines de la caldeira et de son infâme exploitation de tortionnaires. Nos corps à peine reposés, il fallait rejoindre Léandre et les esclaves libérés. Et ce trajet ne connu nulle interruption, même lorsque nous avons dû traverser à nouveau la ville de Thaurissan. Aucune créature serpentine tourmentant des bêtes encagées : ces même cages étaient vidées. Peut-être est-ce à ce moment que cette tension perpétuelle revint me nouer les entrailles. Même si je tâchais de chasser cette pensée, je ne pouvais que craindre que ces créatures et leurs bêtes étaient parties en direction de la colonie, dont ils auraient découvert je ne sais comment la localisation. Alors que j'écris ces lignes, je le remarque seulement : oui, comment ont ils découvert le refuge dans les noires montagnes ? Il avait fallu user de menaces et de tortures pour obtenir la direction de Froid Sommeil. Est-ce que quelqu'un nous aurait trahi, ou est-ce que le hasard - ou la destiné - avait décidé de mordre nos actions pour forcer la conclusion de cette dernière bataille ?

Car à notre arrivée à la Sainte Oubliée, l'amertume revenait déjà à nos bouches. Nous ne percevions que de lointains échos, ne pouvait laisser présumer que du pire. Chaque pas ne faisait que rendre plus certaine cette crainte, et chaque bruit, chaque cri, ne faisaient que trahir la paix que nous pouvions éprouver jusque-là dans la colonie. Aux portes, nous avons découvert l'ensemble de cette vérité : le village était attaqué par ces diables écailleux et serpentins, accompagnés de leurs chiens de magma. Rarement pareille colère ne m'avait tordu les viscères ; ces âmes peinaient déjà assez dans leur quotidien. Si le destin existe, il est immoral et détestable pour bien trop de gens - et celui ou celle qui en tire les ficelles doit être un bâtard de premier ordre.
Partout, nous voyions ces visages déjà souffrants tourmentés par des piques qui venaient les empalmer, les râlements immondes des chiens magmatiques se repaissant des oubliés. Honoré est parti le premier, à la recherche de Léandre. Et nous avons tous suivi ses pas en se préparant au combat.

Mais alors que nous échangions les premiers coups, nous l'avons vu : le chevalier était défait et sanguinolant, avachi contre l'autel. L’autel fracturé de la Sainte Oubliée demeure au-dessus de lui, estropié qu’il fut de sa tête et d’une partie de ses branches, et une partie des gravats enlise le Colon chevaleresque dans un lit de roches faisant parfaite tombe.

Il n’y eut jamais de paix ; jamais de berceau en lequel retourner. Il y eut seulement une chose. Un sursis.

C'en était trop, pour chacun d'entre nous. Il n'eut besoin d'aucun mot ou d'échange. Malgré le poids des batailles précédentes qui pesait sur chacun de nos coups, nous avons combattu corps et âme, poussés dans nos derniers retranchements. Je n'ai pu compter le nombre d'adversaires qui sont tombés sous nos coups ralliés, pendant que combattaient les survivants de Froid Sommeil et de la Sainte Oubliée. Une guerre sans fin, car les ennemis semblaient venir par vagues, sans sembler se tarir. Grâce à Fal'theril, nous avions découvert que Léandre n'était pas mort - seulement inconscient. Mais malgré tous nos essais, nous ne pûmes l'atteindre sous trop d'adversité.

Peut-être allions-nous réussir à vaincre cet ennemi, à force d'harassements. Même si nous faiblissions, nous ne baissions pas nos armes. Nous n'allions pas nous le permettre, pas condamner une seconde rébellion à être étouffée sous la tyrannie d'un monstre qui ne devrait être. Nous n'avions, en soi, guère vraiment le temps de penser... Et ça, jusqu'à ce que l'ennemi se retire, sous le rire sardonique du dernier serpent qui tomba. Nous étions tous confus, peu importe qui nous étions. Aventuriers d'un autre monde, combattant volontaire contre la tyrannie, ou esclave libéré, rassemblés sur un champ de bataille que nous ne pouvions comprendre.
Nous n'avons pas eu le temps de croire avoir vaincu. Nous ne le pouvions, notre posture n'était pas celle de guerriers ayant arraché la victoire des mains agonisantes de nos ennemis. Ils ont simplement fui, sans donner de coup final, sans nous achever... Puis, nous avons compris.

Venu d'un horizon que nous ne pouvions percevoir, l'air a commencé à vrombir. À se charger d'une tension et d'un poids nouveau qu'il n'avait pas jusqu'alors, même dans cette réalité de fournaise. Et, soudainement, des nuages noirs cachant les cieux impitoyables, est chassée la pénombre dans laquelle le monde d’en-bas était plongé ; les nimbus chargés de colère s’écartent, et perce de leur ventre une unique silhouette. Telle un météore, une massue monstrueuse, éclatante de flammes à la pureté sans pareille, descend du firmament, lentement, telle la lame de Damoclès, émettant ce vrombissement symbolique, amenant la mort. Si grande est-elle ; si puissante et inéluctable. Les regards de tous et toutes sont vissées sur le Dernier Jugement venu des cieux interdits, et leurs jambes ne sauraient les porter loin de la calamité prochaine.
Des cieux venait Sulfuras, la Main de Ragnaros.

La pudeur seule me pousse à taire nos réactions individuelles, car elles n'appartient qu'à nous. Mais nous savions tous, avec certitude, que la fin s'incarnait dans cette massue gargantuesque. Nous n'avions pas le temps d'y échapper, même en courant jusqu'à en perdre toute conscience. Nos magies, même conjuguées, ne sauraient être suffisantes pour l'arrêter. Marchebruine, cette rébellion... Tout allait s'achever, de la main d'un autre dieu.

Ou plutôt fusse ce que mon âme cru, en son sein le plus profond. Car face à cette promesse de mort inéluctable et une adversité sans pareille, l'espoir ressurgit, marqué par les pas titubants, mais résolus, du chevalier de la Sainte Oubliée. De cendres et de sang, mais dénué de désespoir, Léandre ignora ses blessures pourtant graves pour se tourner vers nous, ignorant pour le moment Sulfuras. Ses yeux bleus étaient épris d'une intensité que je ne pourrais jamais oublier, saisi de la détermination de celui qui a accepté un destin de sacrifice. Quelques mots, c'était tout ce qu'il a eu le temps d'échanger avant de s'évanouir vers son devoir. Mais ces quelques mots furent résolument gravés dans nos cœurs, sous un serment ravivé de vaincre la Première Flamme et libéré ce monde. Et ses dernières paroles furent à Honoré : son frère, son ami. Il n'y a rien de plus déchirant que de voir deux frères être séparés, et l'impuissance que je vis sur le visage d'Honoré... Trouva trop d'écho.

Léandre avait pris une décision sur laquelle il ne pouvait revenir. Alors, il commença à chanter. À scander une prière envers la Lumière. Et la Lumière lui répondit. Elle le nimba de sa bénédiction, qui le gorgea d'une puissance sans pareilles. Ses plaques fracturées renforcées par les liens sacrés, et alors qu'il se fait vaisseau de la Lumière, que sa prière s'achève, deux grandes ailes pures vinrent se manifester dans le dos du paladin. À la force de ses plumes sacrées, fort d'une impulsion à la hauteur des enjeux qu'il s'est dévoué à affronter, il s'élança dans les airs pour rejoindre le météore que fut Sulfuras. Hurlant sa défiance envers le tyran élémentaire, il le percuta dans un choc sans commune mesure, suivi d'une immaculée lumière qui bannit les nuages noirs étouffaient les cieux.
Sulfuras, lentement, se désagrégea ; le marteau élémentaire se dissipa en l’atmosphère, pièce par pièce, retournée au vent et aux flammes disloquées, et en sa place, bientôt, ne resta-t-il seulement que les cieux oranges, jusqu’alors cachés à nos yeux par un manteau noir d’où étaient pleurées des braises.
Et, de Léandre, n’y avait plus rien que la marque de ses bottes en le sol où il se tenait alors, et les armes qu’il porta courageusement durant le voyage de toute une vie.

Nous étions sauvés. Mais au prix de la vie d'un allié, d'un ami, ou d'un frère.
Il n'y eut aucunes célébrations, aucunes embrassades. Nous étions tous conscients du coût, et la perte de Léandre pesait sur chacun des cœurs. Mais nulle ne devait être aussi peiné que le chef des colons. Pourtant, après un temps de silence durant lequel personne n'osa se manifester, bouger, il se releva pour offrir des derniers mots qu'il n'eut le temps de dire à son frère, et pris ses armes pour les faire siennes. Pour honorer celui qui est parti en premier.

Cette victoire, au nom de l'espoir, n'a pas été permise par un sacrifice porté par la crainte, ou la haine.
C'était différent. Les derniers mots de Léandre n'étaient pas pour des adversaires qu'il se jurait d'éliminer. Ils étaient pour des alliés, et surtout pour Honoré. Ce sacrifice n'a pas été commis au nom de la vindicte, mais de l'amour. Un amour d'un frère pour un autre.
Au-delà de la nécessité de ne pas gâcher ce sacrifice ou souiller la mémoire du chevalier, je ne peux m'empêcher de trouver dans cet acte d'ultime foi une beauté que j'aurai pensé disparue de ce monde ébranlé.
Il n'y a pas plus éblouissant qu'un sacrifice au nom de ceux qu'on aime.

Reposez en paix, Léandre. Nous tiendrons notre serment, et ce monde connaîtra une nouvelle aube, portée par la mémoire de ce renouveau que vous avez amorcé.
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