La Mort est miséricorde

Les heures passèrent et le temps vint d'aller à sa rencontre. Avant de partir, Asran présenta aux Marchebruines une orbe qui lui fut offerte par le vieillard, qui jusque là avait guidé Alcinoé et elle-même. Ils rapportèrent que les filaments albâtres qui s'insinuèrent en eux apaisairent leurs plaies autant que leur âme, que la fatigue disparue, somme toute, que la paix survint. Il offrit également à la guerrière, une lance fantomatique, écho d'une vision qu'elle eut par delà les murs dont elle garda bien les tenants et aboutissants à sa discrétion. Elle ne connaissait pas les effets de la lance, cependant, ils leur fallait découvrir ses vertus.

Elle les guida par delà la muraille, au coeur de la ville défigurée, transformée en véritable charnier de prétendant abattus par la Val'kir déchue. Et, sur les escarpements de la forteresse dorée, ils empalèrent les corps de Vrykuls encore armurés, là comme un rappel pour Thrùd, une provocation, elle dont l'esprit n'était pas soumis, qui demeurait consciente, dans ce corps manipulés par la volonté de la Première Flamme.

La voix de Thrùd elle même, parcourut jusqu'à eux les couloirs de la forteresse, du moins son écho. Elle les conjura de faire demi-tour, mais les Marchebruine pénétrèrent dans ses halls, et traversèrent ses salles pour la passer au fil de l'épée. Son antre, où cascades de lave, torrents en fusion, murs couverts de suie, aurait été aussi brutal qu'un volcan si l'architecture splendide de ses ponts outrepassant les laves, de ses colones de runes inscrites ne venait pas le sublimer. La voie les mena jusqu'au pied d'un trône, réel de forme mais illusoire de principe, sa cage dorée, où elle était assise. Elle qui fut humaine, hissée parmis les cieux et les plus grands par la voie des armes, se présentait à eux dans une armure aux reliures dorées et aux plaques de couleur même, à la finition de flammes. Les Marchebruine racontèrent à qui voulait entendre cette histoire, qu'elle déploya ses deux grandes ailes fantomatiques à la membrane faite d'or, et aux plumes de feu, irradiant de puissance. Ils racontèrent aussi sa chevelure de braise, aux mèches rouges orangées, de flammes vivantes, qui tombait en cascade dans son dos, et sa demi-visère dorée pareil à une couronne, qui cachait son regard et dévoilait ses lèvres immortelles mais tremblantes. Car, comme leur avait raconté Asran avant même qu'ils bravèrent ces salles, elle agissait contre sa volonté et n'était qu'un pantin au service de la Première Flamme, à qui la Mort serait miséricorde.

Ils ignorèrent ses mises en garde, et s'élancèrent avec courage pour la défaire. Et le combat fut aussi prometteur que l'allure de cette belligérante glorieuse, autant que ses pouvoirs démesurés, ne le laissaient entendre. La Mort elle même menaça d'emporter avec la Val'kyr, Mélusine transpercée par Surtr, la Gloire de la Val'kyr, et Asran, qui fut dévorée par ses flammes. Toute deux trouvèrent leur salut dans les soins que leur apporta Alcinoé. La prêtresse, ne pu cependant réparer un coeur brisé par la perte, et quand vint l'heure de la libération, c'est Asran la guerrière qui s'effondra de chagrin sur la dépouille de celle dont elle partageait le sang, Thrùd Asran.

La guerrière est désormais porteuse des armes de la Val'kyr, et repose sur elle la tâche de perpétuer l'héritage de Thrùd, en honorant au combat son souvenir. Tous, Marchebruine, comme leur ami, Honoré, affirmèrent une seconde fois leur serment, que de faire tomber l'Empereur qui fit de la Val'kyr, esclave de la Première Flamme, et Ragnaros, le tyran qui détruisit par le feu, ce monde qui fut le leur.